Meurtre du journaliste Edgar Damalerio à Pagadian : un témoin primordial assassiné

Malgré le démenti de la police philippine, Reporters sans frontières confirme que l'assassinat, le 10 août 2002, du milicien Jury "Ladica" Lobitaña est vraisemblablement lié à son témoignage dans l'enquête sur le meurtre du journaliste Edgar Damalerio. L'organisation réaffirme également que le nom de M. Lobitaña avait bien été inscrit sur la liste des personnes susceptibles de bénéficier du programme de protection des témoins. Et ce après qu'il avait témoigné devant des enquêteurs du National Bureau of Investigation à Manille. Reporters sans frontières n'est pas en mesure de certifier que M. Lobitaña bénéficiait d'une protection policière au moment des faits. L'organisation de défense de la liberté de la presse demande à nouveau aux autorités philippines de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les témoins, notamment Edgar Amoro, et pour obtenir l'arrestation du policier et du chef de la police de Pagadian, exécutant et commanditaire présumés du meurtre d'Edgar Damalerio. _______________________________________________________ Reporters sans frontières a exprimé son indignation après l'assassinat de Gury Ladica, l'un des trois témoins déjà entendus par le National Bureau of Investigation (police fédérale) dans l'enquête sur le meurtre du journaliste Edgar Damalerio. "L'assassinat d'une personne bénéficiaire du programme de protection des témoins mis en place par le gouvernement est une atteinte très grave à l'état de droit. Il montre également la détermination des assassins du journaliste Edgar Damalerio à éliminer les témoins", a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, José Lina. Alors que tout semble indiquer que Gury Ladica a été tué pour avoir accepté de témoigner, Reporters sans frontières a demandé au ministre de prendre toutes les mesures nécessaires pour obtenir l'arrestation du policier et du chef de la police de Pagadian, exécutant et commanditaire du meurtre du journaliste Edgar Damalerio. "Faudra-t-il attendre que les deux autres témoins soient éliminés pour que les autorités prennent sérieusement en main cette affaire qui a déjà suffisamment entaché la réputation de la police philippine ?", a demandé Robert Ménard. D'après les informations recueillies par Reporters sans frontières, Gury Ladica, un auxiliaire de l'armée philippine et témoin principal dans l'affaire d'Edgar Damalerio, a été assassiné, dans la soirée 10 août 2002, par plusieurs hommes armés de mitraillettes, dans une localité proche de Pagadian (province de Zamboanga du Sud). Gury Ladica était l'un des trois hommes à avoir témoigné devant des enquêteurs du National Bureau of Investigation de Manille. Il s'y était rendu du 23 au 28 juillet dernier. Depuis, il bénéficiait du programme de protection des témoins mis en place par le gouvernement. Dans sa déposition, Gury Ladica avait affirmé avoir été contacté par un haut responsable de la police de Pagadian pour exécuter Edgar Damalerio, contre une somme d'argent. M. Ladica avait refusé. Mais il avait été informé que Guillermo Wapile, principal suspect dans cette affaire, avait accepté le contrat. Depuis son retour sur l'île de Mindanao, Gury Ladica se savait menacé. Les deux autres témoins, présents dans la voiture d'Egdar Damalerio au moment du meurtre, ont affirmé à Reporters sans frontières craindre pour leur vie. Ainsi Edgar Amoro a refusé d'être protégé par un policier, mais a accepté la protection d'un volontaire civil. Par ailleurs, la famille d'Edgar Damalerio, notamment sa veuve, se cache dans la région de Pagadian de peur de représailles. Depuis le début de l'enquête, la police locale, notamment son chef, Asuri Hawani, tente de masquer son implication directe dans l'affaire. Ainsi, trois jours après le meurtre du journaliste, ses services ont identifié Ronie Quilme comme le coupable, mais celui-ci n'a pas été reconnu par les témoins. Le même jour, la police locale portait néanmoins plainte contre Ronie Quilme, grâce à des faux témoignages. Pour sa part, le National Bureau of Investigation, la police fédérale, a arrêté, le lendemain, le policier Guillermo Wapile, reconnu par les témoins. Le procureur a donc porté plainte un jour après la police. Cette manœuvre de la police locale a permis de bloquer la procédure. Ainsi, M. Wapile a été placé en détention pendant quelques jours, mais aucun mandat d'arrêt n'a été délivré contre lui. Le policier est protégé par Asuri Hawani qui, quant à lui, aurait dû être relevé de ses fonctions pour son implication dans le meurtre. Edgar Damalerio, journaliste de la radio publique DXKP et directeur de la publication locale Zamboanga Scribe, a été tué, dans la soirée du 13 mai 2002, alors qu'il quittait une conférence de presse à bord d'une jeep pour se rendre à son domicile, en compagnie de deux collègues. Edgar Damalerio, âgé de 33 ans, a été tué sur le coup. Les deux assaillants ont réussi à s'échapper. Le journaliste, réputé pour son intégrité, avait publié de nombreux articles sur la corruption des milieux politiques et policiers, notamment sur Asuri Hawani.
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Updated on 20.01.2016