Mervyn Silva démissionne. Comment le nouveau ministre va-t-il traiter les médias ?

Reporters sans frontières salue la décision du président Mahinda Rajapaksa d'accepter aujourd'hui la démission de Mervyn Silva du poste de ministre adjoint des Médias, après seulement 13 jours en fonction. Le politicien que l'organisation avait qualifié de " pompier pyromane" après sa nomination (http://fr.rsf.org/sri-lanka-un-chef-de-gang-nomme-ministre-26-04-2010,37151.html), a été nommé ministre adjoint des Routes. Keheliya Rambukwella, ancien porte-parole du gouvernement pour les affaires de Défense, a été nommé aujourd'hui ministre des Médias. "L'arrivée de Keheliya Rambukwella au poste de ministre des Médias suscite quelques inquiétudes. En effet, pendant l'offensive contre les Tigres tamouls, Keheliya Rambukwella avait mené une guerre verbale parfois très violente contre les journalistes, les militants des droits de l'homme et les gouvernements étrangers qui condamnaient le traitement réservé aux civils", a affirmé Reporters sans frontières. Nous demandons à Keheliya Rambukwella de traiter en priorité le cas du caricaturiste et journaliste politique Prageeth Eknaligoda, disparu depuis plus de cent jours. Lire le dernier communiqué : http://fr.rsf.org/spip.php?page=article&id_article=36819. Par ailleurs, nous appelons le nouveau ministre à examiner le cas du journaliste d'opposition Ruwan Weerakoon, détenu depuis mi-mars 2010. Il est également urgent que le nouveau ministre s'emploie à obtenir des forces de sécurité qu'elles identifient les auteurs des assassinats de journalistes sri lankais. En février 2009, Keheliya Rambukwella avait déclaré à propos de l'assassinat du célèbre journaliste Lasantha Wickrematunge que "le président et moi-même connaissons les identités des meurtriers et le président les rendra publiques le 15 février". Depuis lors, l'enquête n'a connu aucune avancée réelle. Interrogé par Reporters sans frontières, un journaliste tamoul a raconté comment Keheliya Rambukwella l'avait menacé au téléphone après un reportage sur l'offensive militaire dans la région de Muttur, fin 2005. "Il m'a reproché d'avoir interviewé un représentant du LTTE. Puis, dans les jours qui ont suivi, un officier du renseignement militaire est venu à mon domicile. Et quelques mois plus tard, j'ai été kidnappé à Colombo." Un autre journaliste de Colombo a expliqué que Keheliya Rambukwella était connu pour donner facilement des commentaires à la presse. Le matin même de la nomination du ministre, Sandun Jayasekera, journaliste du Daily Mirror, a été frappé par des militaires lors d'une visite du chef de l'Etat dans un hôpital de la capitale. Il a été légèrement blessé. En juin 2009, Keheliya Rambukwella avait affirmé dans une interview que le gouvernement avait la preuve que des journalistes étaient payés par le LTTE pour soutenir leurs actions terroristes.
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Updated on 20.01.2016