Menaces, fausses accusations et arrestations

Menaces et pressions sur des reporters au Chhattisgarh et au Karnataka

Reporters sans frontières appelle les autorités de New Delhi à mieux garantir la sécurité des journalistes qui travaillent dans l’Etat du Chhattisgarh, subissant les conséquences des affrontements entre les forces de sécurité, les milices pro-gouvernementales et les maoïstes. Il serait tout à fait regrettable, et contraire à la Constitution de l’Union indienne, qu’une liberté de la presse à deux vitesses s’installe dans le pays. Les journalistes des zones de conflits, notamment le Chhattisgarh ou le Cachemire, ne profitent plus, à l'heure actuelle, des mêmes garanties et protections que leurs confrères de New Delhi ou Mumbai. Le 11 décembre, trois journalistes de l’Etat du Chhattisgarh, N.R.K. Pillai, Anil Mishra, et Yashwant Yadav, ont reçu des lettres de menace de la part d'une milice pro-gouvernementale du nom de Maa Danteshwari Swabhimani Adivasi Manch. Ces lettres les accusaient de soutenir les maoïstes, leur promettant de "mourir comme des chiens" s'ils ne s'exilaient pas du district de Dantewada, au sud-est de l'Etat du Chhattisgarh. Cette milice profiterait du soutien de la police pour intimider journalistes et militants des droits de l'homme. Pour preuve de cette entente, la police locale a refusé de mener une enquête sur les auteurs de ces lettres. Les autorités de New Delhi, quant à elles, ont choisi de garder le silence. Plusieurs journalistes, notamment les journalistes citoyens Mangal Kunjam et Bhan Sahu ont dénoncé ces menaces sur la plateforme de discussions, CGnet Swara (www.cgnetswara.org), accessible depuis un téléphone portable. Ces derniers ont ensuite été menacés par la police qui les a invités à "mieux se comporter" à l'avenir, sans quoi "ils en subiraient les conséquences". D'autres journalistes qui comptaient imiter leurs collègues se sont rétractés par peur de représailles.

Une journaliste accusée à tort

Par ailleurs, Reporters sans frontières déplore vivement les accusations portées à l’encontre de K.K. Shahina, reporter du célèbre magazine Tehelka, par la police de Karnataka, dans le sud-est de l'Inde, après ses révélations fracassantes sur les dérives d’une enquête de police sur un religieux musulman. K.K. Shahina avait publié, dans le magazine Tehelka datant du 4 décembre 2010, des interviews de témoins clés entendus par la police révélant que cette dernière aurait modifié et interprété leurs dépositions. K.K. Shahina a été accusée d'"intimidation aux témoins".

Arrestations de journalistes, manipulation du gouvernement ?

Reporters sans frontières demande également aux autorités de clarifier les circonstances des arrestations de deux journalistes, Ahongsangbam Mobi et Sudhir Dhawle, respectivement arrêtés le 29 décembre 2010 et le 2 janvier 2011. Sudhir Dhawle, journaliste freelance et rédacteur du mensuel critique Vidrohi, a été arrêté le 2 janvier, dans le district de Wardha, dans l'Etat du Maharashtra, à l'est de l'Inde, alors qu'il rentrait d'un congrès littéraire. Il est accusé d'avoir rencontré des maoïstes. Ahongsangbam Mobi, rédacteur du quotidien Sanaleibak, basé à Imphal, capitale de l'Etat de Manipur au nord-est de l'Inde, a été arrêté, le 29 décembre 2010, par la police locale, au regard de la loi du Unlawful Activities (Prevention) Act, pour avoir pris contact avec le Kangleipak Communist Party (KCP), un groupe politique considéré comme illégal par le gouvernement,. Selon All Manipur Working Journalists' Union (AMWJU), une association pour la protection du journalisme, dont Ahongsangbam Mobi est le vice-président et porte-parole, ce dernier aurait été attiré dans un piège. La police locale aurait monté de toutes pièces ce rendez-vous, se faisant passer pour un membre du KCP souhaitant s'entretenir sur des questions de protection des journalistes, et se serait servi de cette fausse preuve pour l'arrêter.
Publié le
Updated on 20.01.2016