Menacé d'amende abusive, le quotidien Dnevnik est réduit au silence

Reporters sans frontières est scandalisée par l’injonction prononcée le 6 août 2009 par un tribunal d'arrondissement de Ljubljana interdisant au quotidien Dnevnik de publier toutes allusions ou commentaires sur les activités controversées de l’homme d’affaire italien Pierpaolo Cerani, jusqu'à l'issue du procès en diffamation que ce dernier a intenté au quotidien. Dnevnik risque une amende de 50 000 euros pour chaque violation de l’injonction, avec un plafond cumulé fixé à 500 000 euros. "La justice slovène légalise une censure inacceptable au sein d’un pays membre de l’Union européenne. Pierpaolo Cerani dispose d’un droit de réponse pour se défendre. Il peut, comme il l’a déjà fait, solliciter des réparations auprès de la justice slovène et attendre que cette dernière se prononce. Les informations publiées par Dnevnik ont déjà été rapportées dans d’autres médias internationaux sans avoir fait l’objet de condamnation. Le recours à l’injonction a clairement pour but d’interdire à la presse d’enquêter sur des transactions économiques essentielles, puisque Pierpaolo Cerani tente d'acquérir l’un des plus grands conglomérats industriels national", a déclaré Reporters sans frontières. Dans des articles parus les 29 et 30 juillet 2009, Dnevnik enquêtait sur Pierpaolo Cerani, homme d’affaire italien controversé, qui aurait pris le contrôle de trois des principaux groupes industriels slovènes : Mercator, Laško Brewery et Radenska. Début août 2008, Iniziative Generali 96, l’entreprise dirigée par Pierpaolo Cerani, aurait également acquis des parts importantes de Kolonel, l’entreprise de Boško Šrot qui lui permettrait de prendre le contrôle de l’industrie des boissons. L’entrepreneur italien auraît, dans la foulée, acquis deux des principaux quotidiens slovènes : Delo et Vecer. Dnevnik s’est également intéressé aux liens entretenus par Pierpaolo Cerani avec le prince héritier Victor-Emmanuel de Savoie, à son implication dans plusieurs scandales, comme celui impliquant l’ancien Premier ministre bulgare, Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha, et un autre, relatif à la vente de matériel médical de qualité douteuse à l’Erythrée. "Le montant des amendes encourues par Dnevnik en cas de publication est totalement disproportionné et constitue une atteinte directe à la liberté éditoriale du quotidien. Nous encourageons les médias slovènes à soutenir Dnevnik en poursuivant et en publiant leurs enquêtes sur toutes les personnalités impliquées dans les enjeux économiques nationaux. Ces informations sont capitales pour la population et constituent un véritable intérêt public que la justice slovène devrait préserver", a conclu Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016