Mainmise sur les sites tibétains et leurs lecteurs

Les sites tibétains hébergés en Chine Tibettl (http://www.tibettl.com/), connu pour héberger le blog de l’écrivain populaire Jamyang Kyi, et ChodMe (http://www.cmbpd.cn/index.html) sont inaccessibles depuis la plus grande partie du territoire chinois, notamment au Tibet. L’étau se resserre ainsi autour des internautes de la province himalayenne : le 12 août 2009, le jeune Pasang Norbu avait été arrêté par les autorités chinoises à Lhassa, pour avoir consulté le site Radio Free Asia (http://www.rfa.org/english/). Il aurait violé la législation chinoise sur la sécurité publique en visionnant des photos du dalaï-lama, des images du drapeau national tibétain interdit, et en lisant des articles sur l’autonomie de la province. "Reporters sans frontières condamne ces méthodes de censure en ligne qui ne se cachent même pas de vouloir supprimer l’expression indépendante de la culture tibétaine. Nous demandons la fin des pressions gouvernementales sur les éditeurs de sites tibétains en ligne ainsi que la fin de la censure des informations et expressions artistiques en ligne", déclare l’organisation. Les deux nouveaux sites bloqués depuis un mois traitent principalement de sujets culturels et concernent surtout le Tibet. Ils s’ajoutent aux nombreux autres sites de Tibétains en exil bloqués en Chine, mais hébergés à l’étranger (www.vot.org, www.tibet.net, www.phayul.com, www.lhasapost.com, www.tibetsun.com, www.potalapost.com, www.thetibetpost.com, www.savetibet.org, www.tibetexpress.net, www.tibettimes.net, www.shambalapost.com, www.boxun.com). Le site RFA (www.rfa.org/tibetan) est également censuré dans sa version chinoise. La Chine ne cesse de renforcer constamment son contrôle sur Internet : depuis le début du mois d’août, les sites d’informations exigent des internautes qui veulent laisser un commentaire de décliner leur véritable identité pour se connecter. S’ajoute l’obligation pour les sites hébergés en Chine de poster en ligne cet ordre. Si celui-ci n’est pas respecté au bout d’un délai donné par le bureau de l’Information du Conseil d’Etat, le site est bloqué avec pour message adressé aux internautes : "Désolé, ce site est actuellement en travaux." Ce blocage est l’œuvre des webmasters eux-mêmes, forcés à l’autocensure pour la survie de leur site et contraints de supprimer les articles interdits par le gouvernement. Par ailleurs, le ministre de la Culture chinois a annoncé, le 3 septembre 2009, sur son site Web (http://www.ccnt.gov.cn/xxfb/xwzx/whxw/200909/t20090903_73041.html), que les distributeurs de musique en ligne chinois, tels que Yahoo China, Baidu, ou Google - qui vient de lancer un service de téléchargement - devront soumettre toutes les musiques importées en Chine à un bureau de vérification du ministère de la Culture. Le gouvernement invoque la "protection des droits de propriété intellectuelle", et la vérification des paroles de ces musiques au nom de la "culture acceptable". Enfin, le site google.com est de nouveau accessible en Chine. Critiqué par les autorités pour ne pas suffisamment lutter contre la pornographie, l’entreprise californienne a éliminé une partie de son contenu. La Chine est la plus grande prison pour les cyberdissidents dans le monde avec 57 d’entre eux en détention, dont 5 sont tibétains. Elle figure à la 167e place sur 173 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi en 2008 par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016