Lourdes peines de prison pour les défenseurs des victimes du tremblement de terre du Sichuan

En l'espace de 48 heures, des juges de Chengdu (province du Sichuan, Sud-Ouest) ont infligé de lourdes peines de prison à des militants des droits de l'homme et net-citoyens. Huang Qi a vu sa peine de trois ans de prison confirmée en appel, et le blogueur Tan Zuoren a été condamné à cinq ans de prison. Lors de l'audience, neuf journalistes de Hong Kong ont été malmenés et interpellés par la police. "Les blogueurs et militants des droits de l'homme qui ont osé contredire la version officielle sur les victimes du tremblement de terre de mai 2008 au Sichuan sont traités comme des criminels. Nous déplorons la lourdeur des peines de prison infligées à l'issue de procès bâclés. Nous appelons la Cour suprême et le ministère de la Justice à se pencher sur ces deux procédures et à enquêter sur les violences commises à l'encontre de journalistes de Hong Kong qui voulaient couvrir l'audience", a demandé Reporters sans frontières. "Après avoir condamné Liu Xiaobo le jour de Noël, les autorités profitent cette fois la période du nouvel an chinois pour annoncer des verdicts très sévères à l'encontre de dissidents connus en Chine et à l'étranger", a précisé l'organisation. Le 9 février 2010, Tan Zuoren a été condamné à cinq ans de prison pour "incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat". Lors de l'audience, le blogueur est apparu en bonne condition et a remercié ceux qui le soutenaient. Selon l'un de ses avocats, Tan Zuoren a réaffirmé qu'il était "innocent" et que ce procès était "illégal". Ses avocats vont faire appel. En revanche, son épouse n'a pas été autorisée à entrer dans le tribunal. La couverture de l'audience a été agitée. Neuf reporters venus de Hong Kong ont été interpellés et sérieusement malmenés alors qu'ils tentaient de couvrir l'audience. Deux journalistes ont été blessés, et leurs cartes de presse leur ont été restituées après l'énoncé du verdict. Arrêté en mars 2008 après avoir appelé les net-citoyens chinois à venir dans le Sichuan pour documenter sur la situation des familles des victimes, Tan Zuoren a été jugé en août dernier. Lors du procès, plusieurs journalistes et militants avaient été malmenés pour les empêcher d'être présents à l'audience. La veille, la cour intermédiaire de Chengdu avait rejeté l'appel du militant des droits de l'homme Huang Qi. Aucune audience n'a eu lieu, privant la défense de présenter les motifs de l'appel. Huang Qi a reçu la notification de la confirmation de sa peine par une simple lettre. Ses avocats, notamment Mo Shaoping, ont dénoncé à plusieurs reprises les irrégularités dans la procédure, notamment dans une pétition envoyée à la cour de Chengdu en janvier 2010. Celle-ci leur refusait l'accès aux documents de l'affaire. Aujourd'hui, l'épouse, la mère et le fils de Huang Qi ont pu le voir en prison. Il est apparu serein, mais physiquement affaibli, notamment par un problème de tumeurs à l'abdomen et à la poitrine. Le directeur du site Tianwang (http://www.64tianwang.com/) a confirmé ne pas avoir été maltraité en détention. Huang Qi avait été condamné le 23 novembre 2009 à trois ans de prison pour "possession illégale de secrets d'Etat". En réalité, il avait relaté les conditions de vie de certaines victimes de la province du Sichuan lors du tremblement de terre. La chronologie des faits sur Huang Qi : http://www.rsf.org/spip.php?page=article&id_article=28483 Plus d'informations concernant Huang Qi : http://www.rsf.org/spip.php?page=article&id_article=27884, http://www.rsf.org/spip.php?page=article&id_article=33370 et http://www.rsf.org/spip.php?page=article&id_article=35056. Par ailleurs, le 11 février 2010, la cour d'appel de Pékin doit se prononcer sur le cas du célèbre militant des droits de l'homme Liu Xiaobo. Reporters sans frontières appelle les juges à prouver leur indépendance et à faire preuve d'humanité à l'égard de cet intellectuel. Liu Xiaobo avait été injustement condamné le 25 décembre 2009 à une lourde peine d'emprisonnement de 11 ans pour "incitation à la subversion du pouvoir d'Etat". Il avait en réalité simplement manifesté son engagement en faveur des libertés. Voir l'appel commun à un non-lieu lors du procès d'appel : http://www.rsf.org/Appel-commun-pour-un-non-lieu-dans.html
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Updated on 20.01.2016