A l'ombre des pyramides, les prisonniers d'opinion

En 2007, l'Egypte a condamné Abdel Kareem Nabil Suleiman ("Kareem Amer"), 22 ans, à quatre ans de prison en raison des articles qu'il a publiés sur son blog. Le 28 juin 2008, il vivra son 600e jour de détention.Signez la pétition pour demander sa libération

Reporters sans frontières s'adresse aux visiteurs étrangers qui envisagent de se rendre en Egypte cet été. En 2007, le pays a accueilli 11 millions de touristes, battant un record historique. La même année, elle a également condamné Abdel Kareem Nabil Suleiman ("Kareem Amer"), 22 ans, à quatre ans de prison en raison des articles qu'il a publiés sur son blog, battant aussi un record : Kareem Amer est le premier blogueur condamné en raison de son activité sur Internet et celui dont la peine est la plus longue. Le 28 juin 2008, Kareem Amer vivra son 600e jour de détention à la prison de Borg El Arab, à une quarantaine de kilomètres d'Alexandrie. Reporters sans frontières encourage tous les vacanciers de l'été qui se rendent dans le pays à se renseigner sur l'envers du décor du pays des pharaons. L'Egypte est classée 146è sur 169 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières et qualifiée d' “Ennemi d'Internet“ par l'organisation. “Si vous entrez dans un cybercafé, vous n'aurez pas grand peine à consulter les sites que vous désirez. Internet est peu filtré, mais les autorités surveillent de très près les publications qui touchent à la politique (notamment les sites Internet qui font référence aux Frères musulmans, interdits d'activité dans le pays) et à la religion. Les blogueurs égyptiens savent à quoi ils s'exposent en émettant des critiques via Internet et les intimidations dont ils font l'objet les poussent le plus souvent à fermer leurs blogs. Par ailleurs, il n'existe pas de recours en justice pour le propriétaire d'un site bloqué“, a écrit Reporters sans frontières à l'attention de ceux qui vont visiter l'Egypte cet été. “Gardez à l'esprit que peu avant votre arrivée, au moins 300 personnes ont été arrêtées pour avoir fait grève et protesté dans les rues de la capitale ainsi que dans certaines villes ouvrières du nord du Caire. Ne vous étonnez pas de ne pas trouver toutes les chaînes de télévision auxquelles vous vous attendiez. L'opérateur semi-public égyptien Nilesat a retiré de son bouquet la chaîne de télévision privée Al-Hiwar sans fournir d'explications. Depuis le 12 février 2008, les ministres de l'Information des pays arabes ont adopté un document qui restreint la liberté de diffusion des chaînes de télévision satellitaires et prévoit des sanctions en cas d'offenses dans le contenu de leurs programmes. Parmi les souvenirs que vous rapporterez, pensez que, depuis 600 jours au moins, un étudiant de 22 ans, Kareem Amer, est emprisonné simplement en raison de ce qu'il a écrit sur son blog“, a ajouté l'organisation. Quelques conseils pratiques Où aller ? Le Caire C'est la capitale de l'Egypte et également l'une des villes qui réunit le plus de rédactions de médias, notamment le bureau régional de la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazira, dont les journalistes comptent parmi les plus menacés du pays. En janvier 2008, une journaliste de la chaîne et son cameraman ont été interpellés alors qu'ils réalisaient un reportage sur les abus physiques et les problèmes sociaux dont souffrent les travailleurs agricoles égyptiens au sud-ouest du Caire. Leurs enregistrements ont été confisqués sans explication . Un autre journaliste, propriétaire de la Cairo News Company (CNC), une agence de presse audiovisuelle égyptienne, a été inculpé en mai pour avoir diffusé sans autorisation des images des manifestations qui ont eu lieu dans le nord du pays en avril. Il est surtout coupable de coopérer avec Al-Jazira, à laquelle il fournit parfois des informations. Le 26 mars 2008, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire indépendant Al-Doustour, Ibrahim Issa, a quant à lui été condamné à six mois de prison, reconnu coupable de “diffusion de fausses informations pouvant causer des troubles à l'ordre public et nuire à la réputation du pays”. Alexandrie L'une des villes les plus renommées pour son histoire. Elle sera également le théâtre de l'un des rendez-vous les plus emblématiques pour la liberté d'expression du 17 au 19 juillet 2008 : Wikimania. Durant deux jours, des internautes du monde entier se donneront rendez-vous à Alexandrie pour promouvoir l'échange d'informations et de contenus dans le monde entier via Internet. C'est dans le village voisin de Borg El Arab qu'est emprisonné le blogueur Kareem Amer, tristement célèbre pour avoir critiqué le président Hosni Moubarak sur son blog. Le 22 février 2007, il a été condamné à quatre ans de prison pour avoir "incité à la haine de l'islam" et “insulté le président égyptien sur son blog“. Les principaux acteurs des manifestations du printemps y ont également séjourné pour avoir organisé une grève générale. Devant la montée du coût de la vie, les habitants de la capitale ont manifesté leur mécontentement dans la rue, le 6 avril. Cette mobilisation s'est principalement organisée via Internet. Un groupe, “6 April“, s'est créé sur le site Internet de socialisation en ligne Facebook, appelant à la grève. Il a regroupé jusqu'à 64 000 membres, la veille des manifestations. Deux personnes en étaient à l'origine, qui ont été fortement intimidées par les autorités. L'une d'elles a été emprisonnée pendant plus de deux semaines. L'autre a été torturée par des policiers afin d'obtenir le mot de passe permettant de contrôler le contenu du groupe sur le site pour tout effacer. Peut-on faire facilement des photos / vidéos ? L'Egypte compte six millions d'internautes et la blogosphère y est l'une des plus actives du Moyen-Orient. En janvier 2007, le journaliste Waël Abbas a diffusé des vidéos montrant des policiers qui torturaient des détenus. Ces images ont servi de preuves dans un procès qui a abouti à la condamnation de l'un des officiers à trois ans de prison. C'était la première fois qu'un tel événement se produisait. Cependant, lors des grèves du mois d'avril, le blogueur Kareem El-Beheiri a été arrêté alors qu'il filmait les manifestations devant l'usine de textile dans laquelle il travaillait. Il a été détenu 73 jours à la prison de Borg El Arab. Son employeur l'a licencié pour “absentéisme“ alors qu'il était détenu. Pour en savoir plus : - Comité de soutien de Kareem Amer
Publié le
Updated on 20.01.2016