Libération sous caution de la blogueuse Maryam Bahraman

La blogueuse iranienne Maryam Bahraman, militante des droits des femmes, a été libérée le 15 septembre 2011 contre une caution de 250 millions de Toman (environ 188 000 d'euros), dans l’attente de son jugement, dont la date n’est pas encore connue. Reporters Sans Frontières prend acte de cette libération et demande l’abandon des poursuites contre Maryam Bahraman, accusée d’avoir porté atteinte à la sécurité nationale. Elle encourt une peine de prison de trois ans minimum. -------------------- Le gouvernement durcit encore le ton contre le world wide web et développe un Internet national
03.08.2011
Début juillet, le ministre des Communications et des Technologies de l'information, Reza Taqipour Anvari, a annoncé le lancement, fin août, de la première étape de “l’Internet national”, aussi appelé “Web propre”. Lors de cette première phase, le ministre a affirmé que les consommateurs auraient accès d’abord à un haut débit de 8 Mo, puis de 20 Mo. Début 2012, l’Iran devrait également lancer son propre moteur de recherche, “Ya Haq” (en français, “O Juste”). Le ministre rappelle que le projet a pour but de “mieux gérer les emails nationaux, la collecte des informations à l'intérieur du pays, et d’améliorer la sécurité”. La surveillance des boîtes mail des dissidents n’en sera donc qu’accrue. En Iran, Internet et les réseaux sociaux sont utilisés pour résister à l’oppression du régime et pour diffuser des informations indépendantes, malgré la sévérité du système de censure. Or le nouveau plan du gouvernement prévoit la censure et la surveillance renforcée des net-citoyens. Il consiste en un intranet destiné, à terme, à remplacer l’Internet mondial et induit une discrimination entre les citoyens et “l’élite” (banques, ministères et grandes sociétés), qui continuera à avoir accès au réseau mondial. Cet Internet à deux vitesses pénalisera les blogueurs et journalistes. D’un point de vue économique, la décision semble là encore peu judicieuse, puisque ce recul technologique pourrait dissuader certains Etats d’investir dans le pays. Ce nouveau plan montre que le régime veut imposer une censure totale dans le pays, couvrant tous les secteurs relatifs à la diffusion d’information. L’annonce par les Etats-Unis, en juin 2011, du développement d’un “Internet fantôme”, ou “Internet dans une valise”, pour permettre aux citoyens du monde entier d’avoir accès au Web, même en cas de coupure du réseau par les gouvernements, a provoqué le durcissement de la position de l’Iran, qui avait immédiatement réagi à l’annonce américaine, affirmant avoir les moyens de contrer cette avancée technologique. Le régime poursuit sa diabolisation des nouveaux médias, les accusant de servir les intérêts étrangers. Ces derniers jours, plusieurs responsables du gouvernement ont qualifié les réseaux sociaux et Internet de “moyens de subversion”. Le 29 juillet 2011, le ministre des Renseignements, Heydar Moslehi, a souligné la “vulnérabilité de la société face aux réseaux sociaux, introduits dans le pays par l’ennemi”. Deux jours plus tôt, le ministre de l’Intérieur, Mostafa Najar, avait déclaré que “les satellites et Facebook sont les moyens électroniques d’une ‘guerre douce’ des Occidentaux pour provoquer l’effondrement de la famille iranienne”. Par ailleurs, Reporters sans frontières apprend que Foad Sadehghi, directeur du site Ayandenews, a été arrêté le 27 juillet 2011. Il avait déjà été interpellé le 12 février 2010 sur son lieu de travail, avant d’être libéré en échange d’une caution, le 2 mars 2010. Ayandenews a été plusieurs fois bloqué depuis le 12 juin 2009 pour avoir publié des informations sur les manifestations et pour non respect des lignes officielles. Le 11 mai 2011, après avoir présenté à l’ONU un rapport sur l’accès des femmes aux nouvelles technologies informatiques et avoir lancé la campagne “One Million Signatures for Equality”, appelant à réformer les lois discriminatoires à l’égard des femmes, la blogueuse Maryam Bahraman, a été arrêtée à son domicile de Shiraz, dans la province de Fars (sud du pays). Des effets personnels, dont un téléphone portable, un ordinateur et des livres, auraient été saisis. Les motifs de son arrestation n’ont pas été révélés. La net-citoyenne a passé cinquante jours en isolement, avant d’être transférée au dortoir des femmes dans la prison centrale de Shiraz. Son arrestation s’inscrit dans le cadre d’une vague d’arrestations de femmes journalistes, blogueuses ou militantes dans le pays : la photographe Maryam Madj, la réalisatrice Mahnaz Mohammadi et la cinéaste Pegah Ahangarani ont récemment été interpellées. Elles ont toutes les trois été libérées provisoirement en attendant leur jugement, en échange d’une lourde caution.
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Updated on 20.01.2016