Libération d’un bourreau des médias sur ordre du Guide suprême et du Président

L'ancien procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi, arrêté le 4 février 2013 et incarcéré à la prison d'Evin, a été libéré le lendemain après la tenue d’une réunion entre Sadegh Amoli Larijani, chef du pouvoir judiciaire, et le Guide suprême, Ali Khamenei. Visiblement, ce dernier aurait donner l’ordre de libérer Saïd Mortazavi. Contrairement aux nombreuses demandes de Reporters sans frontières, l’ancien procureur de Téhéran n’a pas été arrêté pour les crimes que lui et ses services ont commis contre les journalistes en Iran. Il n’a pas été inquiété pour son implication dans la mort de la photo-journaliste irano-canadienne, Zahra Kazemi, à la prison d’Evin en juillet 2003, ni pour le décès en prison, dans des circonstances suspectes, du blogueur Omidreza Mirsayafi, arrêté sur son ordre, ni non plus pour sa responsabilité dans la mort au centre de détention de Kahrizak de plusieurs manifestants arrêtés après l’élection contestée du 12 juin 2009. L’ancien procureur de Téhéran paie simplement les pots cassés de la guerre acharnée que se livrent les factions rivales au sommet du pouvoir en Iran. Le 3 février 2013, le parlement a été le lieu d'une dispute sans précédent entre son président, Ali Larijani, et le président de la République, Mahmoud Ahmadinejad, qui se sont mutuellement accusés de corruption et d’immoralité. Cette violente altercation a éclaté après la diffusion dans l’hémicycle du Parlement par Mahmoud Ahmadinejad d’une vidéo dans laquelle Fazel Larijani, frère du chef du système judiciaire et du président du parlement, demandait à Saïd Mortazavi de lui verser des pots-de-vins en contrepartie d'un soutien politique de son clan. Cette vidéo avait été réalisée par Saïd Mortazavi, actuellement allié à Mahmoud Ahmadinejad dans cette guerre fratricide et directeur de l’organisme de sécurité sociale qui dépend du gouvernement. Reporters sans frontières, depuis douze ans, dénonce Saïd Mortazavi, exécuteur des ordres des deux prédateurs de la liberté d’information Ali Khamenei et Mahmoud Ahmadinejad, comme responsable de plusieurs crimes contre les acteurs de l’information. L’ancien procureur de Téhéran doit être jugé pour sa responsabilité dans la mort de Zahra Kazemi et d’Omidreza Mirsayafi, comme pour la fermeture d’une centaine journaux, pour les arrestations, les mauvais traitements - voire les actes de torture -, et les condamnation de centaines de journalistes et net-citoyens à l’époque où il assumait son ancienne charge. Ironie du sort, Saïd Mortazavi a été incarcéré à la prison d’Evin, là même où sont actuellement détenus une trentaine journalistes et net-citoyens. Certains d’entre eux ont été arrêtés au lendemain de la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin 2009, sur ses propres ordres : Kivan Samimi Behbani, Ahmad Zeydabadi, Masoud Bastani, Issa Saharkhiz, Bahaman Ahamadi Amoee et plusieurs d’autres victimes. Lire Un bourreau fait la loi à Téhéran, communiqué de presse de l’organisation, publié le 2 juillet 2009
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016