L'hebdomadaire Nanfang Zhoumo à nouveau censuré

Dans une lettre adressée au responsable du département de la propagande du comité central du Parti communiste (PCC), Din Guangen, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre la censure opérée à l'encontre de l'hebdomadaire Nanfang Zhoumo (Week-end du Sud). "Une fois de plus, les autorités chinoises bâillonnent l'un des journaux les plus indépendants du pays", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. "Alors que la session annuelle du parlement chinois s'est achevée, le 22 mars, sur la demande officielle d'ouverture d'enquêtes sur les comptes des ONG chinoises par des représentants de Hong Kong, les autorités décident de censurer un article sur ce sujet", a ajouté M. Ménard. RSF a demandé au responsable de la propagande que soit autorisée la publication de cet article et que cessent les pressions exercées à l'encontre de l'hebdomadaire. Selon les informations recueillies par RSF, l'hebdomadaire Nanfang Zhoumo, basé à Guangzhou (sud du pays), a interrompu, le 20 mars, l'impression de son édition du 26 mars sur ordre du département de la propagande. La rédaction a dû retirer un dossier de quatre pages sur le Project Hope, une organisation non gouvernementale gérée par la Fondation pour le développement de la jeunesse chinoise, elle-même contrôlée par la Ligue de la jeunesse communiste. Trois cent mille copies du journal avaient déjà été imprimées. Le journal a refait sa une avec un article sur la corruption. Les médias de Hong Kong avaient révélé que Project Hope, une organisation caritative d'aide aux enfants analphabètes, aurait perdu des sommes colossales dans des emprunts et des placements financiers. Le quotidien officiel China Daily avait, quant à lui, cité les responsables de l'organisation insistant sur la nature "légale, saine et efficace" de leurs investissements. Ce scandale avait relancé les critiques à l'égard de l'absence de contrôle financier des organisations non gouvernementales proches du gouvernement. Le Nanfang Zhoumo est connu pour ses enquêtes et ses éditoriaux traitant de sujets rarement abordés dans la presse chinoise. Au cours de ces dernières années, l'hebdomadaire a été à de nombreuses reprises la cible des autorités. En juin 2001, Chang Ping et Qian Gang, respectivement directeur de l'information et rédacteur en chef du journal, avaient été mis à l'écart et reclassé au sein de leur rédaction. La publication d'un article liant la corruption des fonctionnaires du gouvernement et les difficultés économiques rencontrées dans le monde rural leur avait été reprochée. Qian Gang avait lui-même remplacé Jiang Yiping, elle aussi écartée par les autorités en janvier 2000 pour des articles jugés "subversifs".
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Mise à jour le 20.01.2016