Les radios communautaires toujours en proie à de grandes difficultés pour simplement exister

La maison de Teresa Reyes et Alfredo López, directeur de Radio Faluma Bimetu (ou “Radio Coco Dulce”), émanation de la communauté afro-caribéenne garifuna, située à Triunfo de la Cruz, a été incendiée par des inconnus le 7 avril 2011, à minuit. L’incendie s’ajoute à une longue liste d'agressions commises à l'encontre de Radio Coco Dulce et de ses membres. Les attaques contre cette radio communautaire ont été menées de façon répétée depuis le coup d’État du 28 juin 2009, et ne sont allées qu’en s’accentuant depuis le début de l’année 2010, quand un groupe d’individus a saccagé et incendié ses locaux. Faute d’une véritable enquête, ces crimes restent toujours impunis. Reporters sans frontières et l’Association mondiale des radios communautaires d’Amérique latine et des Caraïbes (AMARC-ALC) réitèrent leur appel aux autorités honduriennes pour qu’elles enquêtent au plus vite sur les agressions récentes à l’encontre des membres de la radio. La communauté internationale doit demander à l’Etat du Honduras la protection de tous les droits, et dans ce cas, du droit à la liberté d’expression, pour cette radio communautaire. Le calvaire de Radio Coco Dulce a repris lors des élections locales de janvier 2011, à la suite desquelles les membres de la station ont été victimes de procédures pénales injustifiées et de menaces, et ce alors que plusieurs d'entres eux bénéficient de mesures conservatoires ordonnées par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) depuis 2006. Ces mesures n’ont jamais été mises en place par les autorités honduriennes. Radio Coco Dulce est connue pour la défense qu’elle a apportée aux droits de la communauté de Triunfo, notamment son droit à la terre, suite aux risques d’expropriations qu’entraînaient d’importants projets touristiques conduits par un groupe d’hommes politiques et d’entrepreneurs locaux. Les agressions régulières envers les membres de la Radio Coco Dulce et la situation d’impunité qui prévaut envers ce média constituent une grave violation du droit d’expression de la communauté de Triunfo et ne font que trahir la volonté des pouvoirs publics de la réduire au silence. Triste anniversaire pour la Voz Zacate Grande C’est dans ce climat de tension accrue que la radio La Voz de Zacate Grande s'apprête à fêter son premier anniversaire ce jeudi 14 avril. Il y a une semaine, le parquet d'Amapala a ordonné la capture de huit dirigeants de l'organisation paysanne ADEPZA dont la radio est l'instrument de diffusion. Plusieurs collaborateurs de la radio sont concernés par cette mesure. Les accusations qui remontent à plusieurs mois portent directement sur la poursuite des activités. Il semble que les autorités soient réticentes à procéder aux détentions dans la communauté par crainte des manifestations de soutien de la population aux collaborateurs de la radio. Ces derniers se voient exposés au risque d'être arrêtés à chaque sortie hors de la communauté, en particulier lorsqu'ils se rendent au tribunal où ils ont obligation de se présenter tous les quinze jours. La célébration du premier anniversaire de la radio donnera lieu à une rencontre des radios communautaires venues de tout le Honduras. Seront présents, notamment, des représentants de la Radio Coco Dulce de l'organisation garifuna OFRANEH qui opère depuis la communauté de Triunfo de la Cruz. Reporters sans frontières et l’Association mondiale des radios communautaires d’Amérique latine et des Caraïbes (AMARC-ALC) exigent des autorités du Honduras la cessation des actions de harcèlement et le respect de l'exercice de la liberté d'expression des émissions communautaires. Elles requièrent la mise en place de mesures de sécurité afin que se déroule dans les meilleures conditions l'Assemblée d'AMARC le 14 avril prochain.
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Mise à jour le 20.01.2016