Les photographes de presse ne sont pas des auxiliaires de police !

Reporters sans frontières dénonce avec la plus grande fermeté le téléchargement illégal par les services de police des clichés pris par les photographes des principales agences de presse lors des manifestations du 12 février dernier. L’ensemble des photos ont été publiées au mépris de tous les droits sur le site des autorités en vue de soutenir leur appel à témoin pour identifier les auteurs présumés des violences qui se sont déroulées dans Athènes. La police n'a retiré certains clichés qu’après les protestations officielles des directions des agences de presse. "Nous sommes scandalisés par les méthodes des services de police qui sont non seulement illégales mais qui menacent directement la sécurité de tous les photographes de l’AFP, de Reuters, d'AP, d'EFE et de leurs collègues indépendants. Les services de police disposent largement de tous les moyens nécessaires pour procéder aux enquêtes qu’ils jugent bon d’ouvrir, à commencer par les caméras de sécurité dont l’installation et l’usage ont toujours été justifiés par la nécessité du maintien de l’ordre. Les clichés des agences de presse sont à l’usage de l’information publique et non des services d’ordre." "Nous ne cessons de le répéter depuis plusieurs mois. Les photographes de presse ne sont pas des auxiliaires de police. L’intégrité de leur travail doit absolument être respectée, tant du point de vue économique qu’éditorial. Leur sécurité est aujourd’hui clairement mise en danger par une telle attitude qui contribue à alimenter une polémique stérile et non fondée sur la prétendue collaboration entre les médias et les services de police. Il est déjà particulièrement compliqué de contrer la vindicte et la hargne d’une partie des manifestants qui n’hésitent pas à recourir à une violence croissante contre les médias audiovisuels. L’attitude scandaleuse des autorités dans cette affaire ne va pas faciliter les choses et pourrait avoir des conséquences désastreuses." "Nous exigeons que le ministère de l’Intérieur publie dans les plus brefs délais un communiqué officiel dans lequel il reconnaît avoir procédé au téléchargement illégal des images, au mépris de tous les droits des photographes qui n’ont pu que constater l’ampleur du désastre. Nous exigeons par ailleurs qu’une enquête sérieuse soit ouverte afin d’identifier les personnes qui ont pris la décision du téléchargement des clichés des agences de presse et de leur publication en ligne. Si les enquêtes sur les actions de terrain peuvent parfois s’avérer compliquées, celle-ci ne vise que des services internes de communication où les responsabilités sont bien plus faciles à établir si la volonté s’en fait sentir. Des sanctions doivent impérativement être prises." "Après notre visite en Grèce en aout 2011 et notre rencontre avec le ministère de l'Intérieur, nous attendions une amélioration dans les rapports que les autorités doivent entretenir avec les médias nationaux ou internationaux. Nous en sommes décidément bien loin." (Photo: Angelos Tzortzinis - AFP)
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Updated on 20.01.2016