Les paramilitaires donnent des leçons de journalisme aux médias indiens

Reporters sans frontières (RSF) dénonce vivement l’ordre émis par une unité paramilitaire rattachée au ministère de l’Intérieur indien à destination des médias de l’Etat du Nagaland, (nord-est du pays,) de cesser de relayer les déclarations des groupes indépendantistes locaux.

Le 24 octobre dernier, les fusiliers de l’Assam, un groupe paramilitaire du nord-est de l’Inde sous le commandement du ministère de l’Intérieur, ont fait parvenir à plusieurs rédacteurs en chef de médias de l’Etat du Nagaland une note leur intimant de cesser de rapporter les déclarations du groupe rebelle indépendantiste National Socialist Council of Nagaland - Khaplang (NSCN-K), en vertu de la loi sur la prévention des activités illégales de 1967. Intitulé « Le soutien des médias aux associations illégales », le courrier a été envoyé aux rédactions de cinq journaux locaux : Eastern Mirror, Nagaland Page, The Morung Express, Nagalang Post et Capi Daily. « Cette notice visant à signifier aux rédactions le contenu de leurs articles est scandaleuse, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Citer ou rapporter des déclarations de groupes militants au même titre que n’importe quelle autre source fait partie du travail d’information des journalistes. L’organisation rappelle aux fusiliers de l’Assam que relayer des propos ne revient pas à les approuver ni à les promouvoir, mais à assurer une mission d’information auprès de la population ». Le 16 novembre dernier, jour national de la presse en Inde, les quotidiens anglophones Morung Express, Eastern Mirror et Nagaland Page ainsi que les journaux Capi Daily en langue angami et Tir Yimyim en langue ao, ont publié des éditoriaux vides en signe de protestation. L’Inde occupe la 136e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016