Les médias s’enlisent dans une situation inquiétante

Organisation partenaire de Reporters sans frontières depuis 2004, Active Watch - Media Monitoring Agency a analysé dans son onzième rapport annuel la détérioration constante de la situation de la liberté de la presse en Roumanie. Paru en mai 2011 et désormais disponible en anglais, le rapport revient sur une année 2010 désastreuse au sein d’un pays membre de l’Union européenne. Classée à la 42e position en 2007, la Roumanie occupe aujourd’hui la 50e position dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Une chute constante qui s’explique en grande partie par les nombreux conflits d’intérêts et les luttes de pouvoir qui ravalent les médias au rang d’outil d’influence. La multiplication des poursuites contre les journalistes indépendants et les amendes disproportionnées qui concluent quelquefois les affaires traitées viennent compliquer un peu plus encore la tâche des journalistes qui évoluent toujours sans véritable contrat de travail. S’il faut saluer la décriminalisation récente des délits de presse, la réforme maintes fois promise de la loi organisant les médias du service public (radio et télévision) n’a toujours pas réellement débuté, tandis que la nomination des organes de direction reste clairement politisée. 2010 a également été marquée par une avalanche de projets de loi particulièrement liberticides qu’ Active Watch-Media Monitoring Agency et les organisations professionnelles ont eu toutes les peines à endiguer. Le point culminant de cette fièvre a probablement été atteint par l’étude sur la Stratégie de la Défense nationale, lancée par le Président roumain et adoptée par le Conseil supérieur de la défense (CSAT) et qui conçoit désormais les médias comme une véritable « menace pour la sécurité nationale » dont les représentants ne chercheraient qu’à extorquer les fonds publics et à ruiner la réputation des institutions étatiques. Sur le plan économique, la situation n’offre que peu de perspectives. Depuis le début de la crise économique, 6 000 journalistes et collaborateurs de médias ont été licenciés et pas moins de 60 journaux ont été fermés. Les revenus publicitaires ont considérablement diminué, dans un marché récemment secoué par divers chantages. A l’image de ses partenaires européens, la classe politique roumaine dans son ensemble contribue au détricotage de l’exemplarité de l’Union européenne en matière de liberté de l’information. Mise à mal en Hongrie ou au Royaume Uni, en Italie comme en Grèce, en Bulgarie et en France, la liberté de la presse a plus que jamais besoin d’un soutien fort et inconditionnel qui puisse inverser un processus de plus en plus inquiétant qu’AW-MMA et Reporters sans frontières continueront d’analyser régulièrement. Lire le rapport de l'ActiveWatch-Media Monitoring Agency (en anglais) :
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Mise à jour le 20.01.2016