Les médias chinois interdits de diffuser des informations non-autorisées en provenance de l'étranger

Lire en Chinois / 看中文 Le 16 avril 2013, l'organe chinois de règlementation des médias, l'Administration Générale de la Presse, Publication, Radio, Film et Télévision, a publié une nouvelle directive interdisant aux médias de publier des informations non-autorisées en provenance de médias ou de sites Internet étrangers. “Cette directive marque une nouvelle étape dans le renforcement de la censure, qui ne cesse de s'amplifier depuis la tenue du 18ème Congrès du Parti communiste en novembre dernier. Les médias étrangers sont dans le collimateur des censeurs, surtout depuis la publication de révélations embarrassantes pour les dirigeants. Le régime tente ainsi d'empêcher les médias chinois d'en faire écho”, a commenté Reporters sans frontières, qui condamne vivement cette nouvelle régulation liberticide. “Cette initiative semble vouée à l'échec, à l'ère de Weibo et des réseaux sociaux sur lesquels les informations et révélations des médias étrangers circulent comme une trainée de poudre. Pourtant, elle pourrait permettre de justifier de nouveaux actes de censure et avoir un impact conséquent sur les médias chinois, qui reprennent régulièrement les dépêches d'agences de presse internationales en particulier. Le rôle des médias internationaux demeure primordial, tant pour informer la communauté internationale de la réalité de la Chine, que la population chinoise, victime de la censure accrue que les autorités imposent à la presse locale”, a estimé l'organisation. Selon la note édictée par l'Administration générale de la Presse, Publication, Radio, Film et Télévision, il sera interdit aux “unités de travail de tous les médias d'utiliser des informations non-autorisées en provenance de médias ou des sites étrangers”, ainsi que le relai de toute information en provenance “d'informateurs, d'indépendants, d'ONG, d'organisations commerciales”, sans que ne soit effectuée une “vérification préalable”. Un rapport sur cette note a été publié le même jour dans le China Press and Publishing Journal, une filiale du régulateur, invitant les médias à “renforcer le management” de leurs sites Internet, blogs et micro-blogs, professionnels comme privés. Cette nouvelle directive est parue le jour même où le New York Times recevait le prix Pulitzer pour son enquête parue au mois d'octobre 2012 sur la fortune cachée de la famille de l'ancien Premier ministre Wen Jiabao. Des révélations qui avaient conduit Pékin à censurer l'article en Chine. Les messageries des journalistes du quotidien américain avaient alors fait l'objet de cyber-attaques destinées à identifier leurs sources. Les autorités avaient également bloqué sur le site de micro-blogging Sina Weibo toute recherche contenant les mots-clés “Wen Jiabao” et “New York Times”. Le 25 juin 2012, le site d'information du groupe Bloomberg a été censuré suite à son enquête sur la fortune de la famille de Xi Jinping. Le 25 février 2013, la BBC a annoncé que son service d'informations mondiales en langue anglaise, diffusé en Chine par ondes courtes, subissait des brouillages. Plusieurs journalistes étrangers, à l'instar de Melissa Chan et de Chris Buckley, ont été confrontés à des problèmes de délivrance de visas. La Chine se situe au 173ème rang sur 179 pays au classement mondial 2013 de la liberté de la presse. Photo : Wang Zhen / XINHUA
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Mise à jour le 20.01.2016