Les maoïstes toujours menaçants envers la presse

Reporters sans frontières est préoccupée par une série d'attaques, de menaces et de mesures coercitives prises par des responsables maoïstes à l'encontre de la presse dans différentes régions du pays. Si les attaques des maoïstes contre les journalistes ont fortement diminué par rapport aux années précédentes, elles n'en restent pas moins régulières et symptomatiques d'un manque de tolérance vis-à-vis de la critique. "A plusieurs reprises, et notamment devant la Mission internationale pour la liberté de la presse au Népal, les plus hauts dirigeants du Parti maoïste ont affirmé leur attachement à la liberté et la sécurité des journalistes. Il est urgent que ces engagements soient respectés dans les faits. Nous demandons aux responsables du mouvement de rappeler à l'ordre leurs militants et de faire preuve de plus de transparence", a indiqué l'organisation. Le 27 octobre 2006, Dambar Singh Rai, correspondant du groupe Kantipur et président de la Fédération des journalistes népalais (FNJ) à Khotang (Est), a été convoqué au bureau local du Parti maoïste. Deux responsables, Ashmita et Pasang, l'ont menacé et accusé de diffusion de fausses informations, suite à l'annonce sur la radio Kantipur de l'enlèvement d'un militaire dans la région. Depuis le 26 octobre, des maoïstes se sont installés dans les bureaux de la chaîne publique Nepal Television (NTV) à Kohalpur (Sud-Ouest). Le bâtiment était inoccupé depuis que les maoïstes l'avaient attaqué et brûlé en février 2005. Après les protestations du directeur régional de NTV, un responsable maoïste, Athak, a déclaré qu'il était inutile de leur interdire l'utilisation de ce bâtiment alors que les maoïstes étaient sur le point de "capturer tout le pays". Le 15 octobre, des militants maoïstes ont malmené les journalistes qui couvraient la rencontre entre le gouvernement et les dirigeants de leur parti à Katmandou. Parfois insultants, des maoïstes ont formé une chaîne humaine pour empêcher la presse d'accéder au lieu de la rencontre. Un porte-parole, Krishna Bahadur Mahara, a regretté les débordements des militants. Le 18 septembre, des militants de l'organisation étudiante maoïste ont agressé le photojournaliste Bhaswar Ojha du Samaya Weekly à Katmandou. Le 16 septembre, des maoïstes de Nawalparasi (Ouest) ont forcé Shreeram Sigdel du quotidien Annapurna Post et Hari Narayan Regmi de l'agence RSS, à adhérer à leur mouvement. Le 15 septembre, un groupe d'individus, se réclament du Parti maoïste, ont cadenassé les bureaux du Mophasal Weekly, basé à Pathari (Sud-Est), après la publication d'un article affirmant qu'un militant maoïste avait agressé sexuellement une adolescente. Après l'intervention de personnalités locales, le bureau a été rouvert. Un dirigeant maoïste a nié l'implication de son mouvement. Selon la FNJ, des cadres maoïstes ont détenu, agressé, convoqué abusivement ou censuré au moins huit journalistes depuis le retour de la démocratie en avril dernier. "Les maoïstes ne veulent toujours pas que la presse connaisse leurs imperfections. (...) Les journalistes sont toujours sous pression psychologique et sous la menace quand ils publient ou transmettent des informations critiques sur eux", a affirmé la FNJ.
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Updated on 20.01.2016