Les journalistes, espèce menacée en Terre de Feu

Reporters sans frontières proteste contre l'impunité dont bénéficient, un an après les faits, les incendiaires des locaux du quotidien El Diario del Fin del Mundo à Ushuaia (extrême sud du pays). L'organisation dénonce également les tentatives d'intimidation répétées et jamais élucidées contre plusieurs journalistes dans la province de la Terre de Feu. « Les autorités politiques, judiciaires et policières de la région se doivent d'éclaircir des faits qui sont autant d'atteintes au droit d'exercer sereinement la profession de journaliste. Nous demandons que l'enquête concernant l'incendie criminel du siège du quotidien El Diario del Fin del Mundo reprenne et aboutisse. Nous attendons également des pouvoirs publics qu'ils mettent fin au climat d'impunité entourant les agressions et les menaces contre des journalistes et qu'ils garantissent le droit d'informer en toute sécurité », a déclaré Reporters sans frontières dans une lettre au gouverneur de la Terre de Feu, Mario Jorge Colazo. Le 6 mars 2004, un incendie avait réduit en cendres les ateliers d'impression et la rédaction du Diario del Fin del Mundo. Les premières constatations de la police et des pompiers avaient établi que le sinistre était d'origine criminelle. Le 1er mars précédent, Carmen Miranda, journaliste au Diario et secrétaire générale du Syndicat de la presse d'Ushuaia, avait été abordée la nuit par deux hommes se présentant comme des policiers qui lui avaient demandé de lui livrer les adresses personnelles de ses collègues. Le même jour, Alfredo Valdéz, de Radio Nacional, avait retrouvé sa voiture endommagée et maculée de peinture jaune. Cette méthode avait également été employée quelques jours plus tôt contre Héctor Lavia, directeur et propriétaire du quotidien local Prensa, qui enquêtait alors sur le patrimoine immobilier d'un ministre de la province. Un an plus tard, le 20 février 2005, Marcelo Martín, directeur du site d'informations sur54.com a vu, à son tour, son véhicule vandalisé. « Nous n'avons pas la certitude que cette agression soit liée à son activité professionnelle, mais le mode opératoire se répète et la justice n'a pas l'ombre d'une piste », a confié Carmen Miranda à Reporters sans frontières. Marcelo Martín a assuré à l'organisation « n'avoir aucun doute sur le lien entre cette agression » et le traitement sur son site de « l'instabilité politique régionale». Le 9 mars 2005, le Syndicat de la presse d'Ushuaia a manifesté sa solidarité à l'égard du cyberjournaliste et rappelé que les auteurs de l'attentat contre El Diario del Fin del Mundo courent toujours. De même que n'ont jamais été identifiés les incendiaires du journal Prensa 23 à Río Grande, il y a sept ans.
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Updated on 20.01.2016