Les journalistes en exil victimes de menaces

Reporters sans frontières condamne la longue série de menaces et d’attaques diffamatoires qui visent des journalistes et militants des droits de l’homme, dont Rohitha Bashana Abeywardane, de la Journalists for Democracy in Sri Lanka, organisation partenaire de Reporters sans frontières, Dharmasiri Lankapeli, de la Federation of Media Employees Trade Unions et Sunanda Deshapriya, journaliste et militant pour la liberté de la presse, instiguées par le gouvernement srilankais et des proches du pouvoir. Cette campagne est notamment menée par les médias contrôlés par l’Associated Newspapers of Ceylon Limited. (ANCL), la société de presse détenue par le gouvernement et mieux connue sous le nom de “Lake House”. “En marge de l’adoption par le conseil des droits de l’homme d’une résolution exhortant le gouvernement à poursuivre les auteurs présumés de crimes de guerre lors du conflit entre l’armée et les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE), officiellement clos en 2009, de nombreux journalistes au Sri Lanka et en exil ont été la cible de menaces et d’une campagne de haine sans précédent. Le Lake House, qui contrôle de nombreux journaux, utilise désormais les accusations de terrorisme, séparatisme et collaboration avec le LTTE comme arme pour affaiblir les défenseurs de la liberté de la presse et de l’information”, a déclaré Reporters sans frontières. “Nous appelons le Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Navanethem Pillay, qui s’est dite prête à se rendre au Sri Lanka, à porter son attention sur la situation de tous les défenseurs de la liberté de la presse et de l’information, à l’intérieur et hors du pays. L'arrêt des menaces doit s’inscrire dans le “plan d'action global”, figurant dans la résolution adoptée par Conseil des droits de l’homme, et demandé au gouvernement sri lankais afin de favoriser le processus de réconciliation nationale”, a ajouté l’organisation. Menaces à l’encontre des défenseurs de la liberté d’information Les attaques contre les journalistes au Sri Lanka se sont multipliées au cours des derniers mois. Le 19 mars 2012, Sunanda Deshapriya a dû être évacué par la police suisse alors qu’il filmait une manifestation d'opposants à la résolution, alors à l’étude, du Conseil des droits de l’homme, à Genève. Les manifestants, qui soutiennent le régime de Rajapaksa, auraient commencé à devenir agressifs en voyant que le journaliste les filmait contre leur gré. Dans une déclaration publique commune relayée par Reporters sans frontières, de nombreux journalistes, et des organisations de protection des médias, telles que le Free Media Movement et des défenseurs des droits de l’homme, ont appelé “le Président et le gouvernement à prendre des mesures immédiates pour faire cesser ces attaques et assurer la sécurité des défenseurs des droits de l'homme quand ils s'engagent dans des processus au niveau national et / ou dans les processus intergouvernementaux tels que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.” Propagande Depuis le début de l’année, une campagne de diffamation est relayée par les médias aux mains du pouvoir, accusant de terrorisme les défenseurs de la liberté de la presse et d’information. Le 21 mars 2012, l‘organisation Lawyers for Democracy a dénoncé la propagande gouvernementale diffusée par l’Independent Television Network Limited (ITN Ltd), la radiotélévision d'état, qui “qualifie les journalistes et représentants de la société civile de terroristes et de traîtres pour leur participation à la (19ème) session du Conseil des droits de l’homme.” Le 11 et 24 janvier 2012, une émission de la chaîne ITN, ‘Vimasuma’, avait accusé plusieurs journalistes de collaboration avec des groupes tamouls en exil. Ces accusations s’ajoutent à un article du même jour paru dans le journal Dinamina, propriété du Lake House, dénonçant des liens entre le LTTE et l’un des organisateurs de la campagne pour la liberté de la presse “Black January”, prévue le jour suivant à Colombo. La personne visée par ces accusations n’est autre que le secrétaire de la Federation of Media Employees Trade Unions (FMETU), Dharmasiri Lankapeli. Dharmasiri Lankapeli Suite à des manifestations organisées par la FMETU, du 4 au 6 juillet 2011, contre la suppression des syndicats des professionnels des médias à l’intérieur du Lake House, ce dernier a distribué à plusieurs reprises, en juillet et en novembre 2011, des tracts contre le secrétaire de la fédération, l’accusant de soutenir le LTTE et de participer à des actions contre le gouvernement. L’émission ‘Vimasuma’ a renouvelé ses attaques le 1er février 2012, avec un reportage sur la campagne “Black January”, accusant les participants de ne pas reconnaître les atrocités commises par le LTTE et mettant en avant Dharmasiri Lankapeli. Également représentant du syndicat des journalistes du Lake House, il est engagé depuis plusieurs années dans la lutte contre les atteintes à la liberté de la presse au Sri Lanka. Depuis la fin de l’année 2007, il fait l’objet de menaces et de campagne de diffamation qui l’avaient obligé à se cacher pendant plusieurs mois entre 2009 et 2010. Le 28 février 2012, Reporters sans frontières a publié une chronologie des récents cas de violences, menaces et propagande à l’encontre des journalistes et défenseurs des médias sur les deux premiers mois de l’année 2012, illustrant l’absence de progrès pour la liberté d’information. La censure des sites Internet, notamment ceux basés à l’étranger, s’est même accrue depuis 2011. Le Sri Lanka fait partie des Pays sous surveillance et se situe à la 163ème place, sur 179 pays, dans le classement 2011-2012 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on 20.01.2016