Les journalistes empêchés d'accéder au camp de réfugiés en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Dans une lettre adressée au ministre australien de l'Immigration, Philipp Ruddock, Reporters sans frontières (RSF) s'est inquiétée des obstacles rencontrés par les journalistes désirant accéder aux centres de demandeurs d'asile installés par le gouvernement australien en Papouasie-Nouvelle-Guinée et sur l'île de Nauru. "Les autorités australiennes doivent annuler les consignes données aux autorités papoues d'interdire l'accès du camp de Manus aux journalistes", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. "Une nouvelle fois, le gouvernement australien utilise des pratiques autoritaires pour occulter la situation catastrophique des droits de l'homme dans ces centres", a ajouté M. Ménard. L'organisation de défense de la liberté de la presse a demandé au ministre d'intervenir auprès des gouvernements de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Nauru afin que des visas soient accordés aux journalistes désirant réaliser des reportages sur les centres de demandeurs d'asile. Selon les informations recueillies par RSF, les journalistes sollicitant des visas pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée se sont vu systématiquement refuser leurs demandes sans aucune explication. Greg Roberts, journaliste pour le quotidien Sydney Morning Herald, a été le premier et le seul journaliste à avoir accès au centre de réfugiés de Manus, une île de l'archipel de Papouasie-Nouvelle Guinée, grâce à un visa touristique et en se présentant comme un "ornithologue amateur". Peu après avoir pénétré sur la base navale où sont détenus les demandeurs d'asile, en majorité de nationalité irakienne, il a été chassé par le personnel d'une société privée de sécurité, commandée par des anciens membres de la police rhodésienne. Le lendemain, Greg Roberts a été averti que la police et les forces armées papoues étaient "après lui". Il a quitté l'île peu de temps après. Lawrence Bunbun, un responsable du ministère des Affaires étrangères papou, a reconnu que le gouvernement australien "a déclaré refuser que quiconque ait accès aux réfugiés, que ce n'était l'affaire de personne d'autre", sous le prétexte de protéger l'identité des détenus. Le centre de demandeurs d'asile de Manus abrite trois cent soixante réfugiés dont 80% sont irakiens. Des médecins des hôpitaux environnants ont confirmé que certains détenus avaient contracté la malaria et que d'autres seraient atteints de tuberculose et de typhoïde. Le gouvernement australien avait déjà décidé, le 26 janvier 2002, d'interdire la présence de journalistes à moins d'un kilomètre du centre de détention de Woomera. Le ministre de l'Immigration avait déclaré que cette mesure d'interdiction correspondait à "une décision opérationnelle prise par les services de protection civile en lien avec la sécurité des détenus".
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Mise à jour le 20.01.2016