Les journalistes abordent l’année 2011 entre les violences policières et les provocations des mouvances extrémistes.

Reporters sans frontières est scandalisée par la campagne d’affichage sauvage apparue le 18 décembre 2010 dans le centre-ville d’Athènes, à proximité du Parlement. Une série d’affiches ont été placardées, reprenant une liste de journalistes et les accusant d’être des « voyous » et des « ruffians ». Des tracts reprenant également les photos et les noms de certains d’entre eux ont été diffusés sur des trottoirs et aux alentours des lieux d’affichage.
© Reporters sans frontières
Dans un climat déjà dangereux et très tendu pour l’ensemble des journalistes, cette campagne fait monter d'un cran supplémentaire la tension au sein d’une capitale européenne. Si la couverture médiatique des évènements qui agitent la Grèce ces derniers mois peut être parfois légitimement critiquée, si certains médias ou journalistes manquent parfois à leurs devoirs déontologiques, la « réponse » apportée ce week-end par les mouvances extrémistes n’est tout simplement pas tolérable. Elle ne peut rester sans sanctions. Nous demandons aux autorités d’ouvrir une enquête pour identifier les auteurs de cette campagne qui ne relève clairement plus de la liberté d’expression.
© Reporters sans frontières
Nous dénonçons les amalgames qui consisteraient à associer les journalistes aux décisions politiques de l’actuel gouvernement. Pour gênants qu’ils puissent être, les images prises lors des manifestations et les articles qui analysent le sens de ces évènements ne reflètent qu’une partie de la réalité, mais relève clairement de l’intérêt public. Sous prétexte de dénoncer l’asservissement supposé des médias au pouvoir et la propagande du gouvernement, ces mouvements ne cherchent qu’à imposer leurs propres formes de censure et de propagande. Revendiquer l’indépendance des médias en encourageant le passage à tabac de ceux qui y travaillent n’est en aucun cas tolérable. Nous rappelons que toutes les tendances politiques disposent en Grèce du droit de former et d’animer leurs propres médias. Reporters sans frontières s’inquiète, par ailleurs, de la recrudescence des violences policières à l’encontre des médias et réitère avec insistance son appel au ministre de l’Intérieur pour que des consignes claires soient données aux forces de police et d’intervention pour qu’elles ne s’en prennent plus aux journalistes qui couvrent les manifestations. Coups et insultes, appareils photos et caméras numériques détruits ou confisqués, photos effacées ou cartes mémoires endommagées, arrestations ou tracasseries administratives injustifiées font désormais partie du quotidien des journalistes et des photographes. Nous rappelons à toutes les autorités impliquées que la plupart de nos confrères qui sont présents dans les manifestations sont clairement identifiés comme des professionnels de la presse et ne peuvent, par conséquent, être confondus avec les manifestants. Certaines interventions particulièrement « musclées » prennent désormais très clairement la presse pour cible, tout particulièrement quand les photographes prennent des photos des charges souvent excessives des forces de l’ordre. Nous rappelons également que les photographes de presse ne sont pas des auxiliaires de police et ne sont en aucun cas tenus de donner les copies et, à plus forte raison, les originaux de leurs clichés. L’usage de ces images à d’autres fin que d’informative ne peut être imposé aux rédactions. Reporters sans frontières encourage les professionnels des médias qui seraient victimes de nouvelles violence à continuer de se signaler à l’organisation qui suivra l’évolution de la situation avec beaucoup d’attention. La Grèce occupe la 70e place dans le classement mondial 2010 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.
© Reporters sans frontières
© Reporters sans frontières
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016