Les exactions contre les professionnels des médias et les journaux continuent en Irak et au Yémen, deux blogueurs libérés en Arabie Saoudite

IRAK

Reporters sans frontières condamne les attaques récentes des forces de sécurité irakiennes à l’encontre des professionnels de l’information. Agressions physiques, poursuites judiciaires, attaques en règle contre des bureaux de journaux, les autorités font feu de tout bois pour censurer l’information. Le 25 mai, plusieurs reporters et cameramen de chaînes satellitaires locales et internationales ont été battus et interpellés par les forces de l’ordre, place Tahrir, dans le centre de Bagdad alors qu’ils couvraient des manifestations. Le journaliste Omar Abdul Al-Razak, de Biladi TV, et son cameraman Hassan Ghazi, ainsi que Hussein Ali Hussein, cameraman de la chaîne Russia Al-Youm, et Akeel Mohamed, photographe de l’agence de presse ‘Ain, ont été frappés à plusieurs reprises. Leurs caméras ont été détruites et leurs portables confisqués. Ils ont été forcés de quitter les lieux. Le 22 mai, un commando de la force armée du ministère de l'Intérieur a pris d’assaut le siège de la radio locale Sawt Al-Nahda Al-Democratiya suite à la diffusion d’un programme sur la crise du logement et les difficultés rencontrées par la population. Cette chaîne, fondée en avril 2011, vient d’entamer une procédure pour obtenir une licence. Leur matériel d’enregistrement et d’émission a été confisqué. Le 8 mai, de nombreux journalistes ont été agressés et interpellés alors qu’ils couvraient des manifestations à Ramadi, à une centaine de kilomètres à l’ouest de la capitale, pour demander le départ des troupes américaines, Parmi eux figuraient des correspondants et des photographes de la chaîne Al-Rachid, ainsi que Saad Al ‘Ani, correspondant de la chaîne Ifaq Al- Qadaya et Azhar Shalal, correspondant d’Al-Itijah. En plus d’être empêchés de couvrir les évènements, leur matériel a été endommagé. Les poursuites judiciaires sont également utilisées pour entraver le travail des médias. Parallèlement au procès à l’encontre de Hashem Hassan, dont l’audience a été reportée au 2 juin 2011 (lire : http://fr.rsf.org/irak-un-des-journalistes-vedettes-de-la-21-05-2011,40331.html), des poursuites ont été lancées contre le quotidien Al-Mada. En effet, le président de la Chambre des représentants d’Irak, Osama Al-Nujaifi, a porté plainte contre trois journalistes d’Al-Mada, demandant 150 million dinars irakiens (environ 90 000 euros) de dommages et intérêts. La plainte vise le rédacteur en chef, Fakhri Karim, et deux journalistes, Daoud Al-Ali et Ali Hussein. Il exige, en outre, des excuses officielles suite à la publication d’articles critiquant le maintien de quotas dans la sélection des parlementaires, le marchandage de postes et les insuffisances de la loi réduisant les salaires des députés. Par ailleurs, Reporters sans frontières a appris la libération de deux journalistes irakiens. Les forces de sécurité irakiennes ont en effet relâché, le 16 mai 2011, Watheq Abbas, le rédacteur en chef du journal Dar Al-Islam, également membre du Parti islamique irakien. Le 10 mai 2011, les forces de sécurité ont attaqué sa maison, située dans le quartier de Ghazaliyya à Bagdad, avant de l’arrêter. Cette arrestation s’est déroulée dans le cadre d’une campagne d’interpellations conduite conjointement avec l’armée américaine, suite à l’explosion d’une bombe dans ce quartier. Les forces de sécurité irakiennes ont par ailleurs libéré, le 15 mai 2011, Ali Ibrahim Khalil, présentateur sportif de la chaîne Diyala, qui avait été arrêté le 5 mai à l’entrée de Baqouba (70 km l’ouest de Bagdad) alors qu’il se rendait à son travail depuis son domicile. Si Reporters sans frontières salue ces libérations, elle tient à souligner que Hussein Zaboon Muhsin Muhamadawwi, rédacteur en chef de Iraquna, journal d’obédience chiite, est toujours détenu. Celui- ci avait été arrêté le 8 mai 2011 par dix huit hommes armés à son bureau, dans l’est de la capitale, sans qu’aucun motif ne soit donné. Le lieu de sa détention reste inconnu. Reporters sans frontières exige la libération immédiate de ce professionnel de l’information.

YEMEN

Reporters sans frontières s’inquiète des attaques contre, non seulement les journalistes, mais aussi les sièges des journaux. Le 25 mai 2011, les forces de sécurité ont tiré sur les locaux de la chaîne de télévision Suhail en raison de sa couverture des évènements. La veille, le siège du site internet d’informations Al- Sahwa Net avait été attaqué, tout comme celui de l’agence Saba. Kamel Mahfadi, cameraman pour la chaine Suhail, a été kidnappé le 25 mai alors qu’il couvrait les affrontements entre les forces de sécurité et les partisans de Sheikh Sadeq Al-Ahmar, le leader de la tribu Hashid qui lutte pour la destitution du président Ali Abdullah Saleh. Enfin, le directeur de la chaine Al-Saida Al-Mustaqila, Mohamed Marsh, a été kidnappé le 23 mai 2011 et emmené dans un endroit inconnu avant d’être relâché quelques heures plus tard.

Arabie Saoudite

Reporters sans frontières salue la libération des blogueurs Moustafa Badr Al-Moubarak et Hossein Kathem Al-Hashem, détenus au commissariat de la ville de Safwa depuis fin avril 2011. L’organisation appelle les autorités à poursuivre sur cette voie et à relâcher Nazir Al-Majid. http://fr.rsf.org/arabie-saoudite-de-tripoli-a-manama-les-exactions-02-05-2011,40207.html
Publié le
Updated on 20.01.2016