Les employés d'une radio menacés de mort

“Reporters sans frontières condamne les menaces de mort à l'encontre des employés d'Ôzgür Radyo et appelle le gouvernement à traiter la question de la sécurité des journalistes avec le plus grand sérieux. Au vu des précédents tragiques survenus dans le pays, et tout particulièrement l'assassinat du journaliste Hrant Dink, le 19 janvier dernier, il est primordial que les autorités prennent des mesures pour protéger le personnel d'Ôzgür Radyo”, a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse. Le 28 mars 2007, la Brigade de vengeance turque (TIT) a envoyé un courrier électronique à la radio locale d'Istanbul, Ôzgür Radyo. Dans cet e-mail parvenu à la rubrique « Enquête » du site Internet de la radio (ozgurradyo.com), ses employés sont directement menacés de mort par l'organisation. Le texte indique: «Cessez de diffuser des émissions séparatistes. Nous vous surveillons et savons ou connaissons vos domiciles. Ce message est notre dernier avertissement. Désormais le Turc est réveillé et la fureur du Turc va anéantir ceux qui ont pour ambition de diviser la patrie. Si vous ne renoncez pas à trahir la Turquie, votre fin sera la même que les autres. Votre destin sera le même que celui des autres traîtres ! ». Les menaces se sont reproduites le 28 mars au soir et, le 29 mars, les représentants d'Ôzgür Radyo ont porté plainte. Au lendemain de l'assassinat du journaliste d'origine arménienne Hrant Dink, la TIT avait menacé de mort l'hebdomadaire Agos, dont il était directeur de publication. La Brigade de vengeance turque est à l'origine de l'attentat en 1998 contre Akin Birdal, ancien président de l'Association des droits humains (IHD), et de menaces de mort contre l'avocate Eren Keskin et le chanteur Ferhat Tunç. Le groupe avait déjà été reconnu coupable de la tentative d'assassinat perpétrée le 12 mai 1998 contre Akin Birdal. Ce dernier avait échappé à la mort de justesse, après avoir reçu huit balles dans le corps. En 1999, la Cour d'assises d'Ankara avait condamné l'un des représentants du TIT, Semih Tufan Günaltay, à 19 ans de prison. Après avoir purgé quatre ans et demi, ce dernier avait bénéficié d'une loi d'amnistie et été remis en liberté. A la suite de l'assassinat de Hrant Dink, une protection policière a été accordée sur ordre du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, aux journalistes Etyen Mahcupyan (nouveau directeur de la publication d'Agos et chroniqueur du quotidien Zaman), Ahmet Hakan Coskun (Hürriyet), Soli Özel (Sabah), Fehmi Koru (Yeni Safak) et Ismet Berkan, directeur de la publication du quotidien Radikal. Les romanciers Orhan Pamuk, lauréat du Prix Nobel de littérature, et Elif Shafak, poursuivie et acquittée par la justice pour avoir écrit «Le Père et le Bâtard» ont eux aussi été placés sous protection policière. Depuis, les menaces ont continué de viser des académiciens, éditeurs et journalistes dont certains sont toujours sans protection.
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Updated on 20.01.2016