Les autorités tentent de faire taire les critiques

La pression du gouvernement tunisien s’accroît sur les journalistes qui osent critiquer le pouvoir et défendre de la liberté d’expression. « Nous sommes extrêmement préoccupés par les mesures de répression prises par le gouvernement pour intimider les journalistes, portant atteinte à leurs libertés fondamentales, dont la liberté d’expression et de réunion. Par ailleurs, les autorités souhaitent limiter les critiques sur l’incarcération du journaliste Fahem Boukadous. Reporters sans frontières réitère ses appels à sa libération immédiate et inconditionnelle », a déclaré l’organisation. Suite à la publication de deux articles illustrant l’Etat policier tunisien dans le journal français le Nouvel Observateur, le poète et journaliste Taoufik Ben Brik est assigné à résidence depuis plusieurs jours. Un cordon de policiers en civil empêche en permanence toute personne d’accéder à son domicile. Le vendredi 16 juillet 2010, le n°555 du journal d’opposition Al-Maoukif a été saisi quelques heures après sa diffusion en kiosque (http://fr.rsf.org/tunisie-mensonges-et-controle-de-l-19-07-2010,37976.html). Sa publication contenait le texte de l’initiative du Pacte républicain du Parti démocrate progressiste (PDP) et un poème satyrique de Taoufik Ben Brik, dédié au journaliste emprisonné Fahem Boukadous. Le pouvoir cherche également à étouffer les répercussions de "l'affaire Boukadous" sur Internet. Le journaliste et blogueur Zyad Al-Heni a été convoqué par la police, le 27 juillet 2010. Il s'est présenté à 9 heures au commissariat de Gourjani à Tunis et a été relâché à 16 heures sans avoir subi d'interrogatoire ni reçu d'explications. La police l'a menacé de le convoquer à nouveau si elle le jugeait nécessaire. Il serait visiblement inquiété pour ses articles en faveur de Fahem Boukadous. Il a posté sur son blog un commentaire sur la déclaration de l'épouse du journaliste et une lettre ouverte au procureur chargé de l'affaire. Le mardi 27 juillet 2010, les forces de police ont empêché l’organisation d’un séminaire sur les perspectives de dialogue démocratique organisé dans l’enceinte du journal Al-Maoukif. Aucun des journalistes et intellectuels conviés n’a pu pénétrer dans le bâtiment. Ce climat de terreur sur les libertés de la presse s’inscrit dans la volonté de l’exécutif tunisien de criminaliser la profession de journaliste. Le vote de l'amendement de l’article 61 bis du Code pénal le 1er juillet 2010 (http://fr.rsf.org/tunisie-appel-au-president-de-la-09-07-2010,37906.html) et l’arrestation le 15 juillet 2010 du journaliste Fahem Boukadous (http://fr.rsf.org/tunisie-quand-le-monde-tourne-a-l-envers-15-07-2010,37957.html), illustrent l’intolérance croissante du régime envers les journalistes et les défenseurs des libertés fondamentales.
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Updated on 20.01.2016