Les autorités musèlent un des seuls journaux indépendants

Reporters sans frontières proteste contre les multiples pressions et entraves exercées sur la rédaction de l'hebdomadaire indépendant Adigué Hekou, sur sa distribution et sur son rédacteur en chef et fondateur, Valery Khatajoukov. "Une presse libre et indépendante est une des conditions essentielles de la démocratie. Pourquoi la Kabardino-Balkarie devrait-elle faire exception ? Le journal Adigué Hekou a le droit de cité à Nalchik", s'est indigné Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé à Mikhail Lessine, ministre de l'Information. "Nous vous demandons d'intervenir pour que cessent la censure et la pression des autorités sur Adigué Hekou et pour que soit respectée la liberté d'informer en Kabardino-Balkarie", a ajouté M. Ménard dans sa lettre. Depuis la sortie, début 2001, du premier numéro de l'hebdomadaire indépendant d'opposition Adigué Hekou, les autorités de Kabardino-Balkarie, petite république du Caucase de 800 000 habitants, n'ont eu de cesse d'entraver son impression et sa distribution. Exclu du système de distribution officiel, Adigué Hekou a dû faire appel à des vendeurs à la criée pour distribuer les tirages, et a été régulièrement saisi. En janvier 2002, le président sortant, Valery Kokov (photo), briguait un troisième mandat à la présidence alors que, selon la constitution de la Fédération de Russie, seuls deux mandats sont légaux. Après avoir publié des articles qui mettaient en valeur les programmes des candidats d'opposition et qui dénonçaient l'illégalité de l'élection, Valery Khatajoukov a été interpellé à répétition par la police qui, à chaque interrogatoire cherchait à savoir qui finance la publication. Depuis le début de l'année le journal n'a pas pu paraître, les propriétaires des locaux, ainsi que les journalistes ayant été systématiquement menacés. Par ailleurs, Nur Dolay, journaliste pour l'hebdomadaire Courrier international a, elle aussi, été l'objet de harcèlements en Kabardino-Balkarie alors qu'elle réalisait un reportage sur un opposant et ami de Valery Khatajoukov à Nalchik. Dans la nuit du 29 au 30 mai, deux hommes armés se sont introduits dans l'appartement de Valery Hataschukov où elle séjournait, l'ont ligotée et bâillonnée, et ont fouillé ses affaires à la recherche des cassettes d'un reportage tourné en Kabardino-Balkarie, sans résultat. Elle n'a été délivrée que le lendemain matin à 9 heures par une personne avec qui elle avait rendez-vous.
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Mise à jour le 20.01.2016