Les autorités multiplient les arrestations

Trois nouveaux journalistes ont été arrêtés en vertu de la nouvelle loi sur l'information. Reporters sans frontières demande au chef de l'Etat de cesser de s'en prendre à la presse privée.

Après l'arrestation de trois nouveaux journalistes, Reporters sans frontières dénonce l'utilisation abusive de la loi sur l'Accès à l'information et la protection de la vie privée pour faire taire toutes les voix indépendantes du pays. "Le gouvernement cherche par tous les moyens à faire condamner les journalistes des médias indépendants. Il devient aujourd'hui impossible de publier une information critiquant le régime sans risquer de se retrouver derrière les barreaux pendant deux ans", a expliqué Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Reporters sans frontières a demandé aujourd'hui au président de la République, Robert Mugabe, de faire en sorte que cesse le harcèlement de la presse privée. L'organisation rappelle que le chef de l'Etat fait partie des trente-huit prédateurs de la liberté de la presse dans le monde. Le 16 mai 2002, trois journalistes de l'hebdomadaire privé The Standard ont été interpellés par la police. Le rédacteur en chef, Bornwell Chakaodza, et deux journalistes, Farai Mutsaka et Fungayi Kanyuchi, ont été conduits au commissariat principal de Harare. Ils sont accusés "d'abus de leurs privilèges journalistiques pour avoir publié des fausses informations", un délit passible d'une peine de deux ans d'emprisonnement et d'une amende de 100 000 dollars zimbabwéens (environ 2 000 euros), selon la loi sur l'Accès à l'information et la protection de la vie privée, promulguée en mars par le chef de l'Etat. On leur reproche la publication de deux articles dans l'édition du 12 mai 2002 du Standard. Farai Mutsaka est accusé d'avoir affirmé que le Zimbabwe a acheté des véhicules anti-émeutes à Israël pour disperser toutes les manifestations contre le régime. De son côté, Fungayi Kanyuchi a écrit un article accusant certains policiers zimbabwéens de libérer des prostituées interpellées dans la rue en échange de faveurs sexuelles. Bornwell Chakaodza est inculpé dans ces deux affaires en tant que rédacteur en chef de la publication. Reporters sans frontières rappelle que ces arrestations portent à onze le nombre de journalistes interpellés et accusés "d'abus de leurs privilèges journalistiques" depuis la promulgation, le 15 mars 2002, de la nouvelle loi sur l'information.
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Updated on 20.01.2016