Les autorités interdisent le PC

A Cuba, un arrêté adopté par le ministère du Commerce intérieur interdirait "la vente d'ordinateurs, d'imprimantes, de machines à polycopier, photocopieuses et tous autres instruments d'impression de masse (…) à toute association, fondation, organisation civile à but non lucratif et aux particuliers".

A Cuba, un arrêté adopté par le ministère du Commerce intérieur interdirait la vente d'ordinateurs personnels (personal computers, PC) aux particuliers depuis le mois de janvier 2002. Selon un article publié le 25 mars par le journal en ligne wired.com, l'arrêté n°383/2001 interdirait "la vente d'ordinateurs, d'imprimantes, de machines à polycopier, photocopieuses et tous autres instruments d'impression de masse (…) à toute association, fondation, organisation civile à but non lucratif et aux particuliers. Dans les cas où l'achat d'un tel équipement ou de ses pièces détachées ou accessoires est considéré comme indispensable, une autorisation doit être sollicitée au ministère du Commerce intérieur." Selon une source locale consultée par RSF, une affiche placardée dans un centre commercial du quartier de Playa, à La Havane, indique effectivement qu'"à partir du 16 janvier 2002, la vente de pièces détachées, unités ou accessoires informatiques à des personnes privées est suspendue". D'autres établissements consultés par téléphone ont confirmé l'information. Un établissement de Playa n'aurait cependant pas encore appliqué cette mesure dont l'adoption a, selon wired.com, généré une polémique au sein du gouvernement. Cette mesure a été étendue à la province le 1er février 2002. On ignore les raisons qui ont motivé l'adoption de cette décision. Si la vente de tout materiel de reprographie a toujours été strictement contrôlé afin d'empêcher l'apparition de publications indépendantes, celle des ordinateurs personnels et des fax s'était libéralisée au cours des derniers mois, moyennant un règlement en dollars. Cette interdiction survient après le lancement d'un site web par l'Institut cubain des économistes indépendants (www.cubaicei.org) - illégal - dirigé par la célèbre économiste dissidente Marta Beatriz Roque. L'accès au site depuis Cuba a été bloqué moins d'une semaine après son lancement, le 7 décembre. Elaboré à Miami, il s'agissait du premier site proposant des informations uniquement fournies par l'opposition interne sur la dissidence. Interrogé par wired.com sur la réalité de l'interdiction des PC, Luis Fernández, porte-parole du gouvernement cubain à Washington est resté évasif : "Si nous ne devions pas faire face à un embargo, il y aurait des ordinateurs pour tout le monde." "Dans un pays victime d'un embargo et où manquent les médicaments, comment l'accès à l'Internet ne va-t-il pas être lui aussi restreint?", expliquait déjà Sergio Pérez, alors directeur de l'entreprise publique Teledatos, dans un article publié le 7 février 2001 dans le quotidien officiel Granma. Mais à Cuba, les difficultés d'accès a Internet n'ont pas que des causes économiques. L'accès au réseau est strictement réglementé. Son utilisation est soumise au respect "des principes moraux de la société cubaine ou des textes de loi du pays". Seules les entreprises étrangères et les institutions gouvernementales y ont accès. S'il existe deux cybercafés, le premier est réservé aux touristes et le second n'est accessible qu'aux membres de l'association officielle des écrivains et artistes cubains, l'UNEAC. Depuis septembre 2001, quatre bureaux de poste de La Havane offrent la possibilité aux Cubains de se créer une adresse électronique ou d'accéder au réseau. Cependant, la navigation est limitée aux sites approuvés par les autorités, surnommés l'"Intranet". Le prix est lui aussi dissuasif : 4,5 dollars américains (5 euros) quand le salaire mensuel moyen est de douze dollars. Des organisations de la société civile et de défense des droits de l'homme, non reconnues par le gouvernement, publient régulièrement des articles sur des sites Internet basés à Miami en les envoyant par fax ou en les dictant par téléphone. A Cuba, où la Constitution stipule que "la liberté de parole et de la presse est soumise aux buts de la société socialiste", seule la presse officielle est autorisée. Une centaine de journalistes indépendants, regroupés dans une vingtaine d'agences de presse et d'associations non reconnues par l'Etat, font l'objet d'un harcèlement constant. Depuis 1995, une cinquantaine de journalistes ont dû quitter l'île
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Mise à jour le 20.01.2016