Les autorités en campagne contre Blackberry

L’autorité de régulation des télécommunications (TRA) émiraties a déclaré, le 25 juillet 2010, que les téléphones Blackberry étaient utilisés de telle manière qu’ils pouvaient causer des problèmes de sécurité. La TRA a ajouté qu’elle chercherait à protéger les consommateurs et la loi, dénonçant le fait que l’entreprise opère « hors de la juridiction nationale ». "Cet avertissement, lancé par les autorités, constitue une nouvelle offensive contre les Blackberry et leur potentiel de diffusion d’informations. Le régime voie les services proposés par Blackberry – notamment son service de messagerie instantanée - comme une entrave à sa stratégie de renforcement de la censure, du filtrage et de la surveillance. En effet, comme ses serveurs ne sont pas basés dans le pays, et que les communications transitent via des réseaux sécurisés, la société Research in Motion, qui fabrique ces appareils, n’est pas soumise aux lois locales et échappe ainsi aux tentatives des autorités d’avoir accès aux données personnelles des utilisateurs. Nous craignons que ces déclarations soient destinées à préparer le public à une interdiction ou un blocage total de Blackberry. De la part d’un pays qui se veut un leader technologique du monde arabe, ce serait une grave erreur et un grave recul", a déclaré Reporters sans frontières. Blackberry Messenger (BBM) est devenu très populaire aux Emirats arabes unis. Ce service est de plus en plus utilisé pour des échanges divers et pour évoquer des sujets sensibles tels que la corruption de responsables ou la décision par le gouvernement d’augmenter le prix du pétrole. Cette dernière mesure avait provoqué la colère de nombreux usagers. Les critiques avaient été relayées via BBM, certains appelant à des manifestations pacifiques, d’autres à boycotter les stations d’essence. Les Émirats arabes unis font partie des pays classés « sous surveillance » dans le rapport des « Ennemis d’Internet » publié en mars 2010 par Reporters sans frontières. Le régime a mis en place un système étendu de filtrage du Net. Parmi les sites bloqués, nombreux sont ceux qui traitent de la situation des droits de l’homme, de l’univers carcéral, de la famille royale ou de la liberté d’expression. En voici la liste : http://www.emarati.katib.org/node/52. L’accès à Internet via la téléphonie mobile est également sous contrôle. Blackberry est soumis au filtrage depuis décembre 2009. En juillet 2009, les autorités avaient tenté d’installer un logiciel espion sur les smartphones, un projet abandonné après une mobilisation importante des utilisateurs, opposés à ce projet. Blackberry a déjà été visé par les censeurs d’autres pays du Golfe. Le Bahreïn a interdit, en avril 2010, l’application Blackberry "Urgent News", qui relayait des informations quotidiennes provenant des six principaux journaux quotidiens du pays, et comptait près de onze mille utilisateurs.
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Mise à jour le 20.01.2016