Les autorités continuent de harceler Hamadi Jebali

Reporters sans frontières proteste contre le harcèlement continu subi par Hamadi Jebali, incarcéré depuis 1991. "Il semble que les autorités aient d'abord voulu calmer les esprits, a déclaré Reporters sans frontières. Le journaliste avait, en effet, été sorti de son isolement cellulaire, le 22 avril, après son transfert non loin de sa ville d'origine. Les autorités avaient également annoncé un accord autorisant le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) à visiter les prisons. Mais finalement, le traitement réservé à Hamadi Jebali ne s'est pas amélioré. Nous demandons aux autorités d'autoriser son épouse, Wahida Jebali à lui rendre visite librement, sans surveillance, et à lui remettre la nourriture que son régime médical nécessite, a conclu l'organisation. Wahida Jebali a rendu visite à son mari le 3 mai en présence de trois policiers. L'un d'eux, posté juste derrière le journaliste, a pris des notes durant toute leur conversation. Quand les époux ont tenté de dialoguer plus discrètement, l'officier a réagi brusquement en criant qu'ils n'avaient pas le droit de parler à voix basse. Quelques jours après, deux officiers se sont rendus deux fois de suite à Sousse, au domicile de Mme Jebali qui ne les a pas reçus. Le 11 mai, les gardiens de la prison ont refusé son droit de visite, prétextant que son mari "ne voulait pas sortir". Malgré les récentes promesses des autorités, les deux derniers paniers de nourriture destinés au régime spécial du journaliste lui ont été rendus, invoquant "les ordres". Le directeur de la prison n'a pas répondu à Mme Jebali qui souhaitait obtenir un rendez-vous. ---------------------------- 27.04.2005 - Hamadi Jebali met un terme à sa grève de la faim Reporters sans frontières prend acte du transfert, le 22 avril 2005, d'Hamadi Jebali à la prison de Mahdia et exprime son soulagement après l'arrêt de sa grève de la faim trois jours plus tard. "Nous avons pris connaissance du transfert d'Hamadi Jebali et de l'amélioration de ses conditions d'incarcération, a déclaré Reporters sans frontières. Cependant, la seule issue réellement satisfaisante serait, comme nous l'avons toujours demandée, la libération sans condition du journaliste." Jointe au téléphone par l'organisation, l'épouse d'Hamadi Jebali a déclaré que lors de sa dernière visite à la prison de Sfax, le 23 avril, les gardes lui avaient signifié le transfert de son mari à Mahdia la veille. Mme Jebali s'est dite rassurée de ce changement. En effet, le journaliste qui a décidé de mettre un terme à sa grève de la faim le 25 avril, n'est plus détenu à l'isolement. Mahdia est située à 60 km de Sousse où réside la famille du journaliste. ----------------------- 14.04.2005 - Hamadi Jebali a entamé une nouvelle grève de la faim en prison Hamadi Jebali, directeur de l'hebdomadaire Al Fajr, incarcéré depuis 1991, a entamé une nouvelle grève de la faim, le 9 avril 2005. "Nous sommes inquiets pour l'état de santé de Hamadi Jebali qui s'affaiblit un peu plus à chaque grève de la faim, a déclaré Reporters sans frontières. Il est anormal qu'il n'ait pas accès à la nourriture que sa femme lui apporte. Nous réitérons notre demande au président Zine el-Abidine Ben Ali : la libération inconditionnelle et immédiate de ce journaliste." Son épouse, Wahida Jebali, habitant à 250 km de Sfax, ne peut se rendre à la prison qu'une fois par mois. Etant donné les problèmes de santé du journaliste, le médecin avait recommandé un régime alimentaire spécial qu'il arrivait à suivre approximativement grâce aux visites de Mme Jebali. Le mois dernier, les gardiens ont refusé de transmettre à son mari la nourriture qu'elle lui avait apportée. Mme Jebali, très inquiète, revendique le droit à une visite médicale. Elle réitérera sa demande lors de sa prochaine visite, le 16 avril. Hamadi Jebali, directeur de l'hebdomadaire Al Fajr, organe du mouvement islamiste An Nahda, est détenu, depuis 1991, dans une cellule individuelle. Incarcéré à la prison de Sfax où il avait été transféré en 2000, il devrait être libéré en 2007. Rappel des faits Arrêté le 31 janvier 1991, Hamadi Jebali a été condamné, le même jour, à un an de prison pour "diffamation" après la publication d'un article de l'avocat Mohammed Nouri demandant la suppression des tribunaux militaires. Le 28 août 1992, Hamadi Jebali a été condamné à seize ans de prison pour "appartenance à une organisation illégale" et "volonté de changer la nature de l'Etat". Le procès s'est déroulé dans des conditions déplorables au regard des standards internationaux.
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Updated on 20.01.2016