Les autorités chinoises refusent d'enregistrer Gao Zhisheng comme personne "portée disparue".

Reporters sans frontières s'inquiète vivement du manque de transparence dans l'affaire de l'avocat défenseur des droits de l'homme Gao Zhisheng, l'un des premiers "avocats aux pieds nus" à nouveau porté disparu, depuis avril 2010. L'organisation demande aux autorités chinoises de fournir rapidement des preuves de vie de l'avocat, et à la communauté internationale de se positionner pour que lumière soit faite sur son sort au plus vite. Son frère, Gao Zhiyi, s'est rendu à Pékin cette semaine pour signaler encore une fois cette disparition à la police et demander des informations sur la situation de son frère. "La semaine dernière, je suis allé voir les autorités de Pékin du district de Chaoyang avec deux amis de mon frère: Teng Biao et Li Heping (célèbres avocats et défenseurs des droits de l'homme). La police nous a dit qu'elle ne savait rien à propos de la situation de mon frère. Les policiers ont demandé à Teng Biao qui il était, il a dit qu'il était un ami de mon frère. Ensuite, les autorités ont dit qu'elles ne s'occuperaient pas de l'affaire et qu'elles ne savaient pas où il était. Je n'ai aucune idée de l'endroit où pourrait se trouver mon frère", a-t-il déclaré. Les autorités ont affirmé qu'elles ne disposaient d'aucune nouvelle, et ont refusé d'enregistrer le cas de Gao Zhisheng comme une "disparition". La police a déclaré que l'avocat ayant déjà "disparu" puis "réapparu", son cas n'était pas inquiétant. Gao Zhisheng avait rencontré des difficultés avec les autorités dès 2005, lors de son refus de renouveler son adhésion au Parti communiste. En 2007, après avoir rédigé une lettre, rendue publique en 2009, sur les actes de torture dont il avait été victime, les pressions sur sa famille et lui-même s'étaient accentuées. Il avait été interpellé à son domicile de Shaanxi le 4 février 2009 par des agents du Département de la sécurité publique. En septembre 2009, la police avait annoncé à sa famille, sans nouvelles depuis son arrestation, qu’il avait "disparu". Il serait "réapparu" en mars 2010, apparemment relâché par la police plus d'un an après son interpellation, alors que la pression internationale augmentait. Il avait alors donné plusieurs interviews. Harcelé par la police, il avait disparu à nouveau moins d'un mois après sa "libération", en avril 2010. Gao Zhisheng a notamment soutenu la cause des expropriés et des chrétiens harcelés par les autorités. En 2006, il avait entamé, avec des activistes, dont Hu Jia, une "grève de la faim rotative pour les droits de l’homme". Sa femme et ses deux enfants ont été contraints à l'exil aux Etats-Unis le 11 mars 2009. Son nom avait été proposé par des parlementaires américains pour le prix Nobel de la paix 2008. En octobre 2010, à l'initiative de James McGovern et Frank Wolf, une trentaine d'élus du Congrès américain ont écrit au président Barack Obama pour lui demander d"encourager le président Hu Jintao à relâcher deux prisonniers politiques chinois emblématiques, Liu Xiaobo et Gao Zhisheng". Barack Obama doit rencontrer son homologue chinois lors du sommet du G20, les 11 et 12 novembre, à Séoul. La Chine se place 171e sur 178 dans le classement mondial sur la liberté de la presse réalisé en octobre 2010 par Reporters sans frontières. Trente et un journalistes et soixante-quatorze net-citoyens sont à ce jour emprisonnés dans le pays.
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Updated on 20.01.2016