Les arrestations à répétition utilisées comme moyens de persécution

Reporters sans frontières est alarmée par la multiplication des arrestations arbitraires de journalistes de La Voix de Djibouti et par les méthodes de plus en plus violentes employées par la police envers les journalistes. En l'espace de 10 jours, quatre journalistes indépendants ont été arrêtés, emprisonnés et, pour certains, soumis à de mauvais traitements. Deux sont à ce jour détenus en toute illégalité. "Si cette situation de harcèlement systématique ne mettait pas la santé et la liberté de ces journalistes en danger, elle serait absurde. Un journaliste libéré un jour et arrêté le lendemain sans aucun motif? Le gouvernement d'Ismael Omar Guelleh ne se donne même plus la peine de dissimuler son intention de persécuter l'unique média indépendant du pays", a déclaré Reporters sans frontières. "Nous demandons la libération immédiate de Moustapha Abdourahman Houssein et Mohamed Ibrahim Waiss, détenus dans des conditions illégales et dangereuses", a ajouté l'organisation. Moustapha Abdourahman Houssein a été arrêté une nouvelle fois le 17 décembre 2013 alors qu’il se rendait au commissariat de police de Hodan, où il avait été détenu, pour récupérer ses objets personnels. Emprisonné actuellement au centre de rétention administrative de Nagad, où il aurait été torturé, il a entamé une grève de la faim. Moustapha Abdourahman Houssein avait déjà été arrêté trois jours plus tôt, le 14 décembre, en compagnie d'un jeune reporter Sahal Elmi Talan, alors qu'ils couvraient l'expulsion par la police des petits vendeurs du marché central de Djibouti. Ils ont été relâchés le 16 décembre. Au cours de sa détention, Moustapha Abdourahman Houssein a été violement frappé à l'oreille par le directeur général de la police en personne, le colonel Abdillahi Aldi Fara, ce qui a causé une perforation du tympan, constatée par certificat médical. Le journaliste avait déjà été arrêté et brutalisé le 4 décembre dernier. Mohamed Ibrahim Waiss, arrêté lui le 12 décembre 2013 alors qu'il couvrait une manifestation de femmes d'un quartier de Djibouti détruit par le gouvernement demandant la tenue des promesses de relogement qui leur avait été faites, a été incarcéré sous mandat de dépôt à la prison centrale de Gabode le 16 décembre, sur ordre du procureur. Il est accusé d’avoir été pris en "flagrant délit", sans que plus de détails ne soient donnés. Le journaliste Farah Abadid Hildid de la Voix de Djibouti, également vice-président de la Ligue djiboutienne des droits de l’Homme (LDDH) et membre du parti d’opposition MRD, avait été arrêté par la police le 7 décembre, puis libéré dans la soirée. Djibouti occupe la 167e place sur 179 pays du classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Photo : Moustapha Abdourahman Houssein
Publié le
Updated on 20.01.2016