L’enlèvement de journalistes: une pratique qui tend à devenir monnaie courante

Lire en arabe (بالعربية) Alors que trois journalistes étrangers ont été enlevés pendant douze heures le 22 janvier 2013 dans la région d’Alep, Reporters sans frontières s’inquiète de la multiplication des enlèvements de professionnels de l’information, qu’ils soient étrangers ou syriens. L’organisation rappelle que quatre journalistes étrangers sont toujours disparus et/ou aux mains de leurs ravisseurs. Reporters sans frontières exhorte les individus qui les détiennent à les relâcher et rappelle qu’en vertu du droit international les professionnels de l’information ne doivent pas être pris être pris pour cibles par les différentes parties au conflit. L’organisation demande également aux autorités syriennes de relâcher les 36 journalistes et citoyens-journalistes syriens actuellement détenus. Le 22 janvier, Témoris Grecko, journaliste mexicain, Balint Szlanko, reporter hongrois, Andoni Lubaki, photographe espagnol, accompagnés d’un chauffeur-traducteur et d’un garde du corps ont été enlevés dans le nord de la Syrie par des bandes criminelles armées alors qu’ils se rendaient sur le front à Al-Ezaa où des combats avaient éclaté la veille. Ils ont été libérés douze heures plus tard. Lire le témoignage de Balint Szlanko, publié ce jour dans The Daily Beast. Reporters sans frontières rappelle que quatre journalistes étrangers sont toujours disparus et/ou aux mains de leurs ravisseurs. Austin Tice - journaliste américain, disparu depuis 170 jours Austin Tice collabore avec le Washington Post, Al-Jazeera English et McClatchy. Il a disparu le 13 août 2012 alors qu’il couvrait les événements dans la banlieue de Damas. Le 26 septembre 2012, une vidéo le montrant aux mains de djihadistes a été postée sur Internet. Il s’agit de la seule preuve de vie depuis sa disparition, mais elle ne donne aucune indication sur le lieu actuel de sa détention, ni sur l’identité exacte de ses ravisseurs ou la nature de leurs revendications. Ankhar Kochneva - journaliste ukrainienne, enlevée depuis 113 jours Ankhar Kochneva collabore avec de nombreux médias russes, notamment comme interprète. Elle a été enlevée le 9 octobre 2012 par une faction de l’Armée syrienne libre. Elle a pu confirmer son enlèvement, le 9 octobre, par téléphone. Le 8 novembre dernier, une vidéo de la journaliste a été publiée, dans laquelle elle demande aux autorités ukrainiennes, russes et syriennes d’accéder aux demandes de ses ravisseurs. Le 29 novembre, une seconde vidéo tournée par ses ravisseurs a été mise en ligne. Dans cette vidéo, la journaliste affirme avoir travaillé pour les renseignements russes et syriens, en tant que traductrice. Il est vraisemblable que ses propos aient été tenus sous la contrainte. Début décembre, un communiqué, qui émanerait des ravisseurs de la journaliste, publié sur Internet, demandait aux gouvernements ukrainien et russe de satisfaire leurs revendications d’ici le 13 décembre 2012, sans quoi Ankhar Kochneva serait exécutée. Nous n’avons aucune nouvelle de la journaliste depuis. Bashar Fahmi Al-Kadumi, journaliste jordanien, disparu depuis 163 jours Bashar Fahmi Al-Kadumi, journaliste pour la chaîne Al-Hurra, a disparu à Alep, le 20 août 2012. Une fois libéré, son confrère Cüneyt Ünal a déclaré que Bashar avait été blessé à l’abdomen par le tir d’un sniper de l’Armée syrienne libre. James Foley - journaliste américain, disparu depuis 68 jours James Foley, qui collaborait avec plusieurs médias dont l’Agence France-Presse, le site d'information GlobalPost et des chaînes de télévision américaines, a été enlevé le 22 novembre 2012 près de la ville de Taftanaz (dans la province d’Idlib) par quatre hommes armés de Kalachnikov, qui ont ensuite relâché son chauffeur et son traducteur. Ses proches sont sans nouvelles de lui et aucune revendication n’a été exprimée à ce jour. La famille du journaliste, qui avait jusqu’alors décidé de garder le silence, a rendu l’information publique le 2 janvier 2013 sous la forme d’une campagne appelant à sa libération. Le père du journaliste a lancé un appel à l’attention de ses ravisseurs : “Nous voulons que Jim soit en sécurité et rentre à la maison, ou au moins que nous puissions lui parler pour savoir s’il va bien. S’il vous plaît, contactez-nous afin que nous puissions travailler ensemble à sa libération”. Par ailleurs, au moins 18 journalistes syriens et 18 citoyens-journalistes syriens sont actuellement détenus. Reporters sans frontières déplore de nouvelles morts dans les rangs des acteurs de l’information : un journaliste et quatre citoyens-journalistes ont été tués depuis la mi-janvier. Mohamed Abd Al-Rahman, journaliste sportif, a été abattu par balles à son domicile à Damas, le 25 janvier 2013, avec quatre autres membres de sa famille. D’après les informations recueillies par l’organisation, Amjed Al-Sayoufi et Hossein Al-Qadri, deux militants de l’information, ont été tués, le 18 janvier dernier, par un tir de missile alors qu’is étaient en train d’envoyer des informations et des vidéos par satellite depuis une ferme située à Saqba, ville située à l’est de Damas (Rif Dimash). Ahmed Assaad Al-Shahab a été exécuté le 15 janvier 2013, alors que les forces du régime de Bachar Al-Assad avaient pris d’assaut son village, dans le gouvernorat de Homs. Des hommes lui ont tranché la tête avant de suspendre son corps à un arbre. Bassem Fawaz Al-Za’bi a été quant à lui tué par balles le 13 janvier alors qu’il couvrait des affrontements entre l’armée régulière et les rebelles à Tafas, près de Deraa (au sud de la Syrie). Depuis le début du soulèvement en mars 2011, au moins 22 journalistes et 53 citoyens-journalistes ont été tués du fait de leur activité de collecte et diffusion de l’information.
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Updated on 20.01.2016