Le siège du groupe de presse Walfadjri attaqué : condamnation unanime

Reporters sans frontières condamne l’attaque des locaux du groupe de presse privé Walfadjri, le 25 septembre 2009, à Dakar, par des talibés (disciples de marabouts), suite à la publication d’une interview critiquant certaines positions de leur marabout. L’incident, dénoncé par les autorités et les responsables religieux, a fait au moins trois blessés et d’importants dégâts matériels. Une enquête a été ouverte. "Cette attaque est intolérable et constitue une atteinte évidente au droit du groupe Walfadjri de reproduire des propos, fussent-ils dérangeants. Nous sommes inquiets face à la recrudescence des tentatives d’intimidation et de harcèlement dont ce groupe de presse a été la cible au cours des derniers mois. L’enquête ouverte par les autorités doit aboutir à l’arrestation des coupables, lesquels doivent être jugés et condamnés en vertu des dispositions du code pénal sénégalais. L’impunité n’a pas sa place dans un Etat qui se veut un Etat de droit", a déclaré l’organisation. Le 25 septembre, aux environs de 15 heures 30, une vingtaine de talibés, disciples du marabout Serigne Modou Kara Mbacké, armés de barres de fer et de gourdins, ont attaqué le service commercial du groupe de presse Walfadjri. L'assaut faisait suite à la publication par le quotidien du groupe, à la une de son édition du 25 septembre, d’une interview du demi-frère de Serigne Modou Kara Mbacké, critiquant vivement les positions du marabout en faveur de l’instauration d’une présidence à vie du chef de l'Etat, Abdoulaye Wade, telle que l’avait souhaité Mouammar Kadhafi, invité à la fête de l’indépendance du Sénégal il y a trois ans. "Ils ont saccagé nos locaux et blessé un gardien et deux vigiles", a déclaré à l’Agence France-Presse le directeur de publication et président du groupe Walfadjri, Abdourahmane Camara.

Plusieurs hommes politiques sénégalais, tels que le ministre de la Communication, Moustapha Guirassy, et les anciens Premiers ministres Moustapha Niasse et Macky Sall, ainsi que des responsables religieux et des organisations de défense des droits de l’homme ont condamné cette agression, exprimant publiquement leur soutien à Abdourahmane Camara et à l’ensemble de la rédaction.

Le marabout Serigne Modou Kara, qui est également responsable du parti de la Vérité et du Développement (PVD), a appelé au calme en demandant "pardon pour ces actes de vandalisme", selon l'Agence de Presse Sénégalaise.

Une enquête a été ouverte dans la soirée du 25 septembre.

Le 27 août dernier, les forces de l’ordre avaient envahi les locaux de la radio et de la télévision Walfadjri FM, confisquant brutalement le matériel de diffusion, et coupant les antennes, provoquant l’arrêt immédiat des émissions. Lire le précédent communiqué : http://www.rsf.org/Un-groupe-de-presse-suspendu-de.html
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Mise à jour le 20.01.2016