Le "secret défense" pour mieux museler la presse

Reporters sans frontières (RSF) demande l'abandon des poursuites contre les journalistes sénégalais accusés de "violation de secret défense" Le 15 juillet 2015, Alioune Badara Fall, directeur de publication du journal L'Observateur et son journaliste Mamadou Seck étaient convoqués à la section recherches de la gendarmerie à Dakar et questionné plusieurs heures. Il leur est reproché d'avoir publié des informations concernant le déploiement des troupes sénégalaises en soutien des opérations au Yémen et sont à ce titre accusés de "violation de secret défense". Le même jour, le directeur de publication du journal Enquête, Mamadou Wane était lui aussi convoqué pour avoir mis en ligne des informations relatives à de récentes nominations au sein de l'armée. Tous ont été questionnés sur leurs sources. "Nous sommes inquiets de ces interpellations, déclare Reporters sans frontières. Le Sénégal est l'un des pays de la région où la liberté de la presse était jusqu'alors la mieux établie. Le contexte sécuritaire régional ne doit pas servir de prétexte pour réduire l’espace d'expression démocratique et bafouer les fondamentaux de la liberté de la presse, comme le secret des sources. Nous demandons à la justice sénégalaise d'abandonner toutes les charges retenues contre ces journalistes.” Selon un analyste local, la menace terroriste dans la sous région ont rendu les dirigeants sénégalais moins tolérants vis-à-vis de la capacité de la presse à traiter des dossiers relatifs à l'armée. Le Parlement sénégalais tarde à adopter le nouveau code de la presse et n'a toujours pas dépénalisé les délits de presse. En 2015, le Sénégal est classé 71e sur 180 pays au Classement mondial sur la liberté de la presse.
Publié le
Mise à jour le 25.01.2016