Le rapatriement des corps de soldats tués en Afghanistan interdit aux caméras

Reporters sans frontières proteste contre la censure imposée depuis le 22 avril 2006 par le gouvernement fédéral à la couverture télévisuelle du rapatriement des dépouilles de soldats tués en Afghanistan. Dans la soirée du 25 avril, les médias ont été interdits d'accès à une cérémonie sur la base militaire de Trenton, près de Toronto. “Le gouvernement canadien suit le mauvais exemple de l'administration des Etats-Unis, en croyant dissimuler l'évidence à la population. Le respect du deuil des familles est bien entendu nécessaire, mais il ne doit pas servir de prétexte à ce qui s'apparente ici à une mesure de censure“, a déclaré Reporters sans frontières. Le 22 avril, quatre militaires canadiens ont été tués en Afghanistan. Le ministre de la Défense, Gordon O'Connor, a aussitôt annoncé l'interdiction de toute prise et diffusion d'images du rapatriement de dépouilles de soldats. Le 25 avril, rapporte le site Cyberpresse, les médias ont été privés d'accès à une cérémonie sur la base militaire de Trenton, près de Toronto. Au Parlement fédéral, un député conservateur, Myron Thompson a même déclaré : “Si l'on ramenait mon fils mort à la guerre dans un linceul, je tirerais sur le premier média qui se présenterait sur les lieux“, selon le quotidien The Gazette. Les partis politiques d'opposition ont unanimement critiqué la décision du nouveau gouvernement de Stephen Harper à la Chambre des communes. Le chef de file du Parti libéral, Bill Graham, a reproché au gouvernement de vouloir “réduire l'impact de ces incidents sur la population“, selon Cyberpresse. Bill Graham a fait le parallèle avec les Etats-Unis, où l'administration Bush a interdit aux médias de filmer le retour de cercueils de soldats depuis le début de la guerre en Irak. La censure gouvernementale ne fait pas non plus l'unanimité au sein du Parti conservateur et encore moins parmi les familles de militaires. Le gouvernement invoque néanmoins le “respect du deuil des familles“ pour l'imposer, mais Gordon O'Connor a reconnu n'avoir jamais consulté ces dernières. Certaines se sont plaintes auprès de Stephen Harper. Les services du Premier ministre et le ministère de la Défense n'ont pas répondu aux sollicitations de Reporters sans frontières.
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Mise à jour le 20.01.2016