Le procès intenté à Reporters sans frontières par la Turquie pour atteinte au droit à l'image est reporté

L'ancien chef d'état-major des armées turques, Hüseyin Kivrikoglu, classé par Reporters sans frontières parmi les "prédateurs de la liberté de la presse" intente un procès en France contre l'organisation pour atteinte au droit à l'image. Le procès, qui devait se tenir le 16 octobre devant le tribunal de grande instance de Paris, est reporté à une date ultérieure.

Depuis plusieurs années, Reporters sans frontières met un visage sur les responsables des violations de la liberté de la presse pour faire reculer l'impunité dont ils bénéficient trop souvent. Le 3 mai 2002, à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières a proposé au public de faire la connaissance des 38 "prédateurs de la liberté de la presse", dont les portraits étaient épinglés sur une mappemonde géante installée dans le hall de la gare Saint-Lazare (voir photo). La présence du portrait du chef d'état-major des armées turques, Hüseyin Kivrikoglu, parmi les "prédateurs de la liberté de la presse" a provoqué des incidents lors de l'exposition gare Saint-Lazare et suscité de très vives réactions en Turquie. L'ancien chef d'état-major intente désormais un procès contre Reporters sans frontières pour atteinte au droit à l'image. Le procès, prévu le mercredi 16 octobre devant le tribunal de grande instance de Paris, a été reporté à une date ultérieure. "La loi sur le droit à l'image est, une fois de plus, détournée de son objet. Ce tour de passe-passe juridique nous prive d'un vrai débat de fond sur les violations de la liberté de la presse en Turquie ", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Reporters sans frontières rappelle qu'en 2001, plus de cinquante journalistes ont comparu devant les tribunaux turcs pour leurs écrits. Malgré les réformes démocratiques engagées dans la perspective de l'adhésion à l'Union européenne, l'année 2002 n'a pas vu d'amélioration significative de la situation. Quatre journalistes sont actuellement emprisonnés pour leur responsabilité dans la diffusion d'informations et de publications considérées par les autorités comme des menaces pour l'ordre public ou l'unité de l'Etat. Les journalistes osant aborder des sujets tabous comme le pouvoir de l'armée, le problème kurde ou les revendications islamistes sont constamment inquiétés.
Publié le
Updated on 20.01.2016