Le Parlement dépénalise les délits de presse

Reporters sans frontières salue l'adoption par le parlement centrafricain de transition, le 25 novembre, d'une loi supprimant les peines de prison ferme pour l'ensemble des délits de presse, faisant ainsi entrer la République centrafricaine (RCA) dans le cercle des pays d'Afrique qui ne veulent plus jeter leurs journalistes en prison. « Les journalistes centrafricains peuvent être fiers d'avoir su mener à bien, par des moyens pacifiques, cette lutte indispensable à la construction d'une démocratie digne de ce nom, a déclaré Reporters sans frontières. Les citoyens, les journalistes, les hommes politiques et les gouvernements de la RCA vont bien vite en tirer les bénéfices, en terme de sécurité, de liberté et de respectabilité. » « Nous exhortons le président François Bozizé à ne pas faire obstacle à cette victoire de la démocratie et à promulguer le texte dans les meilleurs délais », a ajouté l'organisation Le texte, très contesté, qui régissait jusque-là les médias centrafricains avait été adopté en 1998. Il prévoyait des peines de prison ferme pour les délits de « diffamation » ou de « publication de fausses nouvelles ». En 2002, les députés de l'Assemblée nationale de l'époque avaient refusé de mettre une réforme de ce texte aux voix et avaient conservé la législation répressive de 1998. Le tollé soulevé par l'affaire Maka Gbossokotto, dans le courant de l'été 2004, a sans doute achevé de convaincre le président François Bozizé qu'il était urgent de réformer le code de la presse. Arrêté le 8 juillet 2004, le directeur de publication du quotidien indépendant Le Citoyen et correspondant de Reporters sans frontières, avait passé un mois en prison sur la base d'une plainte en diffamation d'un proche du Président. Après un mois de détention dans des conditions déplorables, Maka Gbossokotto avait finalement été condamné à un an de prison avec sursis et 500 000 francs CFA (750 euros) d'amende pour « injures publiques ». Son arrestation et son incarcération avaient suscité de nombreuses protestations, notamment du Groupement centrafricain des éditeurs de la presse privée et indépendante (Geppic), qui avait suspendu la parution de tous ses titres entre le 12 et le 19 juillet. Après sa libération le 8 août, il était devenu l'un des animateurs les plus actifs du Geppic et de l'Union des journalistes de Centrafrique (UJCA), exigeant du gouvernement une réforme du code de la presse, comme le Président l'avait promis en accédant au pouvoir. Le Geppic avait notamment institué une « journée sans journaux » tous les vendredis jusqu'à ce qu'il obtienne gain de cause.
Publié le
Updated on 20.01.2016