Le mensuel Lyon Mag condamné à une amende exorbitante

Le 10 janvier 2003, le tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône (Rhône) a condamné le mensuel Lyon Mag à verser 284 143 euros de dommages et intérêts aux 56 syndicats viticoles du Beaujolais, qui avaient porté plainte pour "dénigrement de produit" suite à un article mettant en cause la qualité du beaujolais. Cette condamnation est assortie d'une exécution provisoire. "Nous dénonçons le montant exorbitant de la somme réclamée, totalement disproportionné par rapport au préjudice subi. Nous vous demandons de prendre toute la mesure d'un tel jugement, qui représente un véritable danger pour la santé économique du journal, et de lever son exécution provisoire", a déclaré Robert Ménard, dans un courrier adressé au président de la cour d'appel de Lyon, Pierre Vittaz. L'article incriminé a été publié dans le numéro 116 de juillet-août 2002, sous le titre "Un grand expert accuse : le beaujolais, ce n'est pas du vin". François Mauss, président du Grand jury européen, une association de professionnels de la dégustation, interviewé par Jean Barbier, journaliste de Lyon Mag, critiquait la méthode de production du beaujolais. Dans les trois pages de l'enquête consacrée au beaujolais, il déclarait notamment que ce "n'est pas du vin" puis que c'est "un vin de merde". Le mensuel avait également publié une interview plus modérée de Maurice Large, président de l'Union Interprofessionnelle des Vins du Beaujolais, intitulée "La qualité du beaujolais n'est pas en cause". Dans son jugement, le tribunal a estimé que "en dénaturant ainsi le vin dit beaujolais, jusqu'à la scatologie, et en l'assimilant, finalement, à un excrément, François Mauss et le journaliste qui l'interviewait ont dépassé l'exercice admissible de leurs fonctions sociales respectives de critique - même sévère - et d'information, en abusant gravement de la liberté d'expression et d'impression qui leur est reconnue". Le montant total des dommages et intérêts fixé par le tribunal correspond au dédommagement pour chaque syndicat viticole d'un euro par hectolitre de beaujolais et de beaujolais-villages produit annuellement par leurs adhérents. Le tribunal a également condamné Lyon Mag à s'acquitter des frais d'insertion du jugement dans cinq organes de presse pour un total de 60 000 euros, ainsi que des frais de justice de 6 000 euros. D'après le rédacteur en chef de Lyon Mag, Lionel Favrot, le mensuel a demandé la levée de l'exécution provisoire de l'amende, jugée "extravagante" au regard des capacités économiques du groupe, dont le chiffre d'affaires est de 1,9 millions d'euros.
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Updated on 20.01.2016