Le média indépendant Minivan attaqué par un gang

Les locaux du média indépendant Minivan ont été attaqués, jeudi 25 septembre, par le chef d’un des nombreux gangs qui sévissent dans le pays. Cette assaut pourrait être en lien direct avec la disparition d’un journaliste de Minivan, Ahmed Rilwan, il y a maintenant 49 jours.

Le média indépendant Minivan à nouveau ciblé. Jeudi 25 septembre, un homme a détruit la caméra de surveillance située à l’entrée du média, avant de planter une machette dans la porte voisine. Présente au moment des faits, la rédactrice en chef adjointe, Zaheena Rasheed, a reçu, peu après l’attaque, des menaces de mort par téléphone. Des images ont été récupérées et ont ainsi permis d’identifier le chef d’un gang. “L’auteur a été clairement identifié ce qui, nous l’espérons, aidera la police à agir rapidement”, confie Daniel Bosley, journaliste au Minivan, à Reporters sans frontières. RSF condamne fermement cette nouvelle agression et appelle à une protection immédiate des journalistes de la rédaction. L’organisation rappelle que ce n’est pas la première fois que le média et ses employés sont ciblés. Une caméra à l’entrée avait été installée après la disparition du journaliste Ahmed Rilwan, le mois dernier. L’attaque pourrait d’ailleurs être en lien direct avec cette disparition. Le journaliste n’a plus donné signe de vie depuis la publication d’un article qui dénonçait les menaces de morts proférés par des gangs à l’égard de quinze de ses confrères. Une forte mobilisation s’est créée autour du cas d’Ahmed Rilwan, une marche ayant notamment eu lieu le 19 septembre dernier. L’affaire ne semble pourtant pas être une priorité pour la police. L’ONG MDN (Maldivian Democracy Network) a donc lancé, de son côté, une enquête privée. Dans son rapport publié le 22 septembre, l’organisation met en avant l’éventuelle implication d’un gang dans la disparition d’Ahmed Rilwan. L’attaque des locaux du Minivan, trois jours après la publication de ce rapport, ne semble pas être un hasard. “Le fait que les menaces persistent, alors que nous luttons pour qu’une enquête poussée sur la disparition de notre collègue soit ouverte, dépeint avec justesse l’état de la liberté d’information aux Maldives”, ajoute Daniel Bosley. Les Maldives, sorties d’un régime dictatorial en 2008, connaissent une forte instabilité politique. Des gangs violents installent un climat de terreur et leurs liens étroits avec les partis politiques sont à l’origine de la corruption ambiante dans tout le pays. La plupart de ces partis n’hésitent pas à faire appel aux gangs pour réprimer l’opposition. Menaces, disparitions et assassinats de dissidents sont donc monnaie courante et portent fortement atteinte à la liberté d’expression et d’information. Les attaques dont est victime Minivan ne sont pas un acte isolé. En octobre dernier, ce sont les locaux de Raajje TV, une chaîne de télévision de l’opposition, qui étaient incendiés. Les Maldives figurent à la 108e place sur 180 pays dans le Classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016