Le journaliste turc Can Dündar, citoyen d’honneur de la Ville de Paris

Reporters sans frontières (RSF) félicite chaleureusement Can Dündar, célèbre journaliste indépendant en Turquie, lauréat du Prix RSF 2015, nommé, ce 8 novembre 2016, citoyen d’honneur de la Ville de Paris.

La cérémonie s’est déroulée à l’Hôtel de ville de Paris, en présence de la Maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a exprimé son émotion et son soulagement de pouvoir remettre en main propre la médaille de la ville à Can Dündar, qui fait l’objet d’un nouveau mandat d’arrêt dans son pays. “Votre crime est bien connu de tous, vous avez exercé votre métier”, a déclaré la Maire, ajoutant que Can Dündar “incarnait l’aspiration du peuple turc à vivre dans un pays libre” et “l’engagement des journalistes turcs pour le pluralisme des médias”.


Can Dündar a quant à lui rappelé l’importance de ce soutien alors que la Turquie “traverse l’une des périodes les plus obscures de son histoire.” Il a rendu hommage aux journalistes et dirigeants actuellement emprisonnés, dont certains n’ont toujours pas eu accès à un avocat. “Je me sens plus fort et solidaire aujourd’hui”, a-t-il déclaré en conclusion de son discours.


Tous deux ont également évoqué le sort d’Erol Önderoglu, représentant de Reporters sans frontières en Turquie, dont le procès s’est ouvert aujourd’hui, et dont la prochaine audience se déroulera le 11 janvier. La Maire de Paris et Can Dündar lui ont manifesté leur soutien, rappelant l’importance de son travail au nom de RSF, durant ces heures sombres pour le journalisme en Turquie.


A l’heure où les journalistes turcs sont frappés par une répression sans précédent, l’honneur fait à Can Dündar est un précieux signe de soutien à tous ses collègues, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Cette distinction est aussi un encouragement à tous ceux qui luttent envers et contre tout, à travers le monde, pour remplir leur mission d’informer.”


Can Dündar est une figure du combat toujours plus nécessaire et risqué pour la liberté de la presse en Turquie. Ancien rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, auteur de nombreux livres et films documentaires, Can Dündar a été condamné à cinq ans et dix mois de prison pour “divulgation de secrets d’Etat” en mai 2016, avec son collègue Erdem Gül, pour leurs révélations sur des livraisons d’armes turques à des groupes islamistes syriens. Resté libre en attente d’une décision en appel, il a été victime d’une tentative d’assassinat à la sortie de l’audience - un acte malheureusement prévisible tant l’opinion avait été chauffée à blanc par les autorités contre ce “traître”. Toujours poursuivi pour “complicité de terrorisme” avec Erdem Gül, Can Dündar s’est résolu à l’exil au lendemain de la tentative de putsch du 15 juillet, qui a déclenché une purge sans précédent contre les médias critiques. Arbitrairement privée de passeport, son épouse, Dilek, a été empêchée de le rejoindre, “prise en otage” par les autorités.


Plus de cent médias ont été liquidés par décret dans le cadre de l’état d’urgence instauré le 20 juillet, des dizaines de journalistes ont été jetés en prison et des centaines ont été frappés par des sanctions administratives en dehors de tout procès.


La Turquie pointe à la 152e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.

Publié le
Mise à jour le 09.11.2016