Le journaliste Ferdinand Samba libéré : Reporters sans frontières salue le geste du président Bozizé

A l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai 2012, le président de la République centrafricaine, François Bozizé, a gracié le directeur d'un quotidien local Le Démocrate, incarcéré depuis plus de trois mois. L'Union des journalistes de Centrafrique avait décidé de boycotter cette journée symbolique, en signe de protestation contre la détention de Ferdinand Samba. "Nous saluons le geste de François Bozizé, qui a su entendre l'appel de la profession. Après trois mois d'emprisonnement dans des conditions difficiles, Ferdinand Samba peut enfin goûter à nouveau à la liberté, retrouver ses proches, et reprendre l'exercice de son métier. Il ne faut toutefois pas oublier que si les autorités avaient respecté la loi de 2005, dépénalisant les délits de presse, le journaliste n'aurait jamais dû être incarcéré," a déclaré Reporters sans frontières, qui appelle à des sanctions proportionnées en la matière. "Nous demandons au président de la République centrafricaine de prolonger son geste, en levant également la sanction contre le quotidien Le Démocrate, interdit de parution pour une durée d'un an. Dans un contexte économique difficile pour la presse, cette suspension risque fort d'asphyxier le journal et de le contraindre à fermer, privant ainsi la population d'un titre de presse". Ferdinand Samba avait été condamné, le 26 janvier 2012, à dix mois d'emprisonnement pour "diffamation", et à payer une amende d'un million de Francs CFA (1 500 euros). ------------ 27.01.2012 - Dix mois de prison pour un journaliste accusé de diffamation : Reporters sans frontières consternée Reporters sans frontières est consternée par la condamnation à dix mois de prison ferme, prononcée le 26 janvier 2012, contre Ferdinand Samba, directeur du quotidien Le Démocrate. Le journaliste est accusé de "diffamation" à l'encontre du ministre d'Etat aux Finances et au Budget, le lieutenant-colonel Sylvain Ndoutingaï, neveu du président Bozizé. Il doit en outre payer dix millions de francs CFA (15 000 euros) de dommages et intérêts à M. Ndoutingaï et un million de francs CFA (1 500 euros) d'amende. La parution du journal Le Démocrate est suspendue pour une durée d'un an. "Comment est-il possible qu'un journaliste soit condamné à de la prison ferme en République centrafricaine alors que la loi de 2005 sur les médias dépénalise les délits de presse ? Cette décision est incompréhensible. Nous déplorons une 'justice au service des puissants', sourde aux appels des professionnels du secteur en faveur de sanctions plus adaptées et moins injustes", a déclaré Reporters sans frontières, qui demande la libération immédiate de Ferdinand Samba. "Ces décisions de justice endommagent sérieusement la liberté de la presse dans le pays. Non seulement un journaliste est envoyé en prison pour ses écrits, mais les autorités privent également la population centrafricaine d'un titre pendant un an", a ajouté l'organisation. Ferdinand Samba s'est vu opposer un mandat d'amener par le tribunal le 12 janvier 2012 et a été arrêté quatre jours plus tard. Il est détenu à la prison centrale de Ngaragba, à Bangui, depuis le 16 janvier. Le procès intenté contre lui, ouvert le 19 janvier, fait suite à une série d'articles critiques parus dans son journal en octobre, novembre et décembre 2011. Il est reproché au journaliste "d'avoir publié plusieurs articles depuis octobre (…) à caractère diffamatoire, injurieux et incitant à la haine, visant précisément le ministre des Finances". A la suite de l'arrestation de Ferdinand Samba et en signe de protestation, une "journée sans journaux" a été organisée le 20 janvier 2012 par le groupement des éditeurs de la presse privée indépendante de Centrafrique (GEPPIC), qui avait par ailleurs adressé au ministre des Finances une demande de clémence. Reporters sans frontières apporte son soutien aux journalistes des principaux médias indépendants qui, depuis plusieurs jours, ont témoigné leur solidarité envers leur confrère. Le tribunal a également prononcé une peine d'un an ferme à l'encontre du directeur de publication du journal La Plume, Patrick Agoundou, absent du pays lors du verdict. Un mandat d'arrêt a été lancé contre lui. Plus d'informations sur la liberté de la presse en République centrafricaine. Le pays figure à la 62e position, sur 179 pays, du classement mondial 2011-2012 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières. Photo : Ferdinand Samba (site Centrafrique Presse Info)
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016