Le journaliste d’investigation Gonzalo Guillén ciblé par un projet d’assassinat

Reporters sans frontières s’inquiète des nouvelles menaces de mort dont a fait l’objet le journaliste indépendant Gonzalo Guillén, anciennement correspondant attitré du quotidien nord-américain Miami Herald et des journaux colombiens El Tiempo et El País de Cali. Le 21 mai 2014, le journaliste observait qu’il était poursuivi par deux véhicules non-identifiés. Le 22 mai, le procureur général l'informait d’un plan d’assassinat à son encontre. Après la révélation de ces menaces, le ministère de l’Intérieur a accru de deux à neuf gardes du corps de l’Unité Nationale de Protection affectés à la sécurité de Gonzalo Guillén. “Reporters sans frontières reconnaît les efforts des autorités pour fournir des mesures de protection adéquates au journaliste, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de l’organisation. Nous engageons les autorités colombiennes à mettre tous les moyens en œuvre afin d’identifier les commanditaires de ces menaces. Le travail des journalistes indépendants est essentiel dans un contexte où la corruption touche la vie politique à toutes les échelles. Les mesures de protection physique ne sauraient garantir à elles seules la sécurité des journalistes de la région, tant que les responsables des attaques ne sont pas appréhendés. Il revient au gouvernement du Honduras de faire avancer l'enquête et de punir les relations entretenues entre certaines autorités locales et les réseaux du crime organisé.” Le journaliste est dans le collimateur de l’ancien gouverneur de la Guajira, Juan Francisco “Kiko” Gómez pour avoir rédigé des articles sur les relations de l’homme politique avec des acteurs du crime organisé. Les articles de Gonzalo Guillén ont contribué à l’arrestation de Juan Francisco Gómez, condamné en octobre 2013 pour avoir commandité les assassinats de trois personnes. Au cours de la même année, plusieurs des sources du journaliste ont été assassinées et il s’est vu lui-même contraint de quitter temporairement le pays. Gonzalo Guillén travaille en collaboration avec deux autres journalistes indépendants, León Valencia et Ariel Ávila. Ces deux derniers ont publié en 2013 un rapport sur la nature des relations entre le gouverneur de la Guajira et les tenants de la Bacrim, bande criminelle héritée des paramilitaires. La même année, les deux journalistes avaient fait l’objet du même plan d’assassinat. Après un exil temporaire, ils se trouvent également sous la protection du ministère de l’Intérieur. La Colombie figure à la 126e position sur 180 pays dans l’édition 2014 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Mise à jour le 20.01.2016