Le journaliste Chang Ping attend toujours son visa

Reporters sans frontières adresse une lettre ouverte au gouvernement de Hong Kong pour demander les raisons de la non délivrance de visa de travail au journaliste Chang Ping.

Le 6 décembre 2011, Donald Tsang,
Chef de l’exécutif de la Région administrative spéciale de Hong Kong,
République populaire de Chine,
Tamar, Hong Kong Département de l’Immigration,
Immigration Tower,
Wan Chai, Hong Kong Objet: Demande de Visa de M. Zhang Ping Monsieur le Chef de l'exécutif, Reporters sans frontières, organisation de défense de la liberté de la presse et de l'information, souhaite attirer votre attention sur la situation actuelle de M. Zhang Ping, également connu sous le nom de Chang Ping (长平). Cet ancien chef de l'information à Nanfang Zhoumo (南方周末), journaliste et blogueur, se trouve depuis plus de cinq mois dans l'impossibilité de prendre ses fonctions de rédacteur en chef à iSun affairs (阳光时务), propriété de Sun TV, à Hong Kong, poste qu'il devait assumer depuis le mois de juillet 2011. M. Zhang Ping est aujourd'hui confronté au silence inexpliqué du département de l’Immigration de Hong Kong. En effet, suite à son recrutement, M. Zhang Ping a effectué en mars 2011, une demande de visa de travail auprès du département de l’immigration de votre gouvernement. De manière générale, ce type de requête est traité en quatre semaines. A l’heure actuelle, cette demande demeure sans réponse, aucune acceptation ni refus n’ayant été notifiés. Par ailleurs, aucune explication n’a été donnée concernant ce silence. Les services concernés lui ont simplement répondu que sa demande était en cours d’examen. Ces délais anormaux et inexpliqués nous font craindre une éventuelle interférence politique directe des autorités de Pékin sur le gouvernement de la région administrative spéciale de Hong Kong, dans le but d'empêcher ce journaliste de prendre ses fonctions dans un journal qui est, depuis plusieurs années, dans la ligne de mire des autorités chinoises. Le récent blocage de l’accès au site Internet du magazine en ligne publié par Sun TV et dont Chang Ping devait être le rédacteur en chef, n’est pas sans rapport avec nos inquiétudes. A la fin de l’année 2009, la chaîne de télévision s’était déjà vue refuser la permission de diffuser ses programmes sur le câble par les autorités chinoises, sans aucune explication ni préavis. M. Zhang Ping, journaliste respecté en Chine, a payé à plusieurs reprises son engagement en faveur de la liberté de la presse et son refus de composer avec la censure. En 2008, il avait été démis de ses fonctions de rédacteur en chef adjoint du quotidien Nandu Zhoukan Zazhi (应为南都周刊杂志) pour avoir publié des éditoriaux sur le Tibet qui tranchaient avec le discours officiel. Le 28 janvier 2011, il a été contraint de quitter ses fonctions du groupe de presse Nanfang Baoye Jituan (南方报业集团), pour avoir refusé de changer certains passages dans ses articles. Depuis cette date, il lui est interdit de publier ses articles, quel que soit le support, journal ou site Internet. Toutes ses publications en ligne ont été supprimées. Au vu de ces événements inquiétants, nous vous demandons de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour que le visa de travail de M. Zhang Ping lui soit accordé dans les meilleurs délais, afin qu'il puisse intégrer le poste pour lequel il a été recruté. En vous remerciant de l’attention que vous prêterez à cette lettre, je vous prie d’agréer, monsieur le chef de l'exécutif, l’expression de ma très haute considération. Jean-François Julliard
Secrétaire général de Reporters sans frontières
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016