Le journaliste Alejandro Carrascal Carrasco libéré : “Il est temps de dépénaliser la diffamation”

Condamné en janvier dernier à un an de prison ferme pour “diffamation aggravée” envers un fonctionnaire local, Alejandro Carrascal Carrasco est sorti de prison le 18 juin 2010. Le directeur de l’hebdomadaire Nor Oriente, dans la province amazonienne d’Utcumbamba, aura passé cinq mois derrière les barreaux. Sa libération est intervenue sur décision de la Chambre pénale permanente de la Cour suprême. Défenseur de la cause indigène, Alejandro Carrascal Carrasco était dans le collimateur des autorités après des émeutes qui avaient notamment conduit à la fermeture arbitraire de la station communautaire La Voz de Bagua Grande en juin 2009. Son procès et les conditions de sa condamnation comportaient de flagrantes irrégularités. Cette libération anticipée par décision de la plus haute juridiction est évidemment une bonne nouvelle. Mais il y aura lieu de se féliciter si elle préfigure une dépénalisation à brève échéance des délits d’opinion. Un autre journaliste péruvien, Oswaldo Pereyra Moreno est toujours emprisonné pour “diffamation” et doit à son tour retrouver la liberté. ---------------------------------------- 13.01.2010 - Un directeur d'hebdomadaire condamné à un an de prison Le 12 janvier 2010, Alejandro Carrascal Carrasco, directeur du Nor Oriente, hebdomadaire de la ville de Bagua, province de Utcumbamba (Nord-Est), a été condamné à un an de prison ferme pour une affaire de diffamation remontant à 2005. Il est aujourd’hui détenu à la prison de San Humberto de Bagua Grande. Quelques minutes avant la lecture de la sentence, Alejandro Carrascal Carrasco s’est évanoui et a été transféré à l’hôpital. La condamnation a été prononcée en son absence. “C’est la deuxième fois qu’un journaliste péruvien reconnu coupable de “diffamation” est incarcéré depuis la condamnation à cinq mois de prison ferme de Magaly Medina en octobre 2008. Il semble que le procès soit entaché de vices de forme. Alejandro Carrascal Carrasco s’est, en effet, plaint de ne pas avoir été informé du mandat d’arrestation lancé contre lui et la sentence a été prononcée alors qu’il était hospitalisé. On peut avec raison se demander s’il ne s’agit pas d’une vengeance politique déguisée contre le directeur de l’hebdomadaire, connu pour sa ligne éditoriale très critique vis-à-vis des autorités. Alejandro Carrascal Carrasco défend notamment les populations indigènes et combat pour la sauvegarde de l’Amazonie. Ce cas appelle une dépénalisation urgente des délits de presse”, a déclaré Reporters sans frontières. Le journaliste est, en effet, très respecté dans la communauté de Bagua pour les prises de position de l’hebdomadaire, diffusé dans tout le département d’Amazonas. Il a été condamné pour “diffamation aggravée” contre Victor Feria Puelles, un fonctionnaire local. Des sources journalistiques et des proches du condamné ont dénoncé une “vengeance”. L’Association nationale des journalistes du Pérou (ANP) a, quant à elle, protesté contre une “détention arbitraire”. Dans la même région amazonienne, la radio communautaire Radio La Voz de Bagua est fermée depuis le 8 juin 2009, accusée d’avoir “incité à la violence” lors d’émeutes indigènes au début du même mois. Alejandro Carrascal Carrasco avait alors pris position contre l’attitude du gouvernement dans le dénouement du conflit. (Photo: www.eldiario.pe)
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Updated on 20.01.2016