Le journaliste Alagie Sisay toujours dans le viseur de la justice gambienne

Accusé de sédition, le journaliste Alagie Sisay est en procès depuis le 4 août, après avoir passé 28 jours en détention illégale. Son procès a déjà été reporté à onze reprises. Cela fait plus d’un mois que le procès du journaliste Alagie Sisay de Teranga FM s’est ouvert, et seuls deux témoins ont été entendus. Les neuf autres audiences ont été consacrées à l’examen et au rejet systématique de sa demande de libération sous caution. Le journaliste est accusé d'avoir distribué, le 16 juillet dernier, via son téléphone portable, un photomontage représentant le président Yahya Jammeh un pistolet braqué sur lui, accompagné d’une légende qui évoquait un sniper prêt à frapper le 22 juillet. Plusieurs chefs d'accusation pèsent contre lui, notamment pour “sédition” : intention de distribuer un document séditieux, distribution de document séditieux… ainsi que pour “publication de fausses nouvelles”. Le journaliste nie les faits et plaide non coupable. Il est détenu à la prison de Two-Mile à Banjul. "A la lecture des chefs d’accusation redondants, et au vu des multiples reports d’audience, une conclusion s’impose : ce procès est une stratégie de harcèlement à l’encontre d’Alagie Sisay, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Il ne bénéficie pas d’un procès équitable et tous ses reports sont destinés à faire ployer le journaliste. Reporters sans frontières demande qu'il soit relâché immédiatement puisque son avocate a mainte fois établi que les charges retenues contre son client ne justifiaient pas son maintien en détention.” Le journaliste avait déjà été arrêté sans motif et détenu au secret depuis le 4 juillet avant d’être relâché sans explications le 13 juillet, puis arrêté de nouveau le 17 juillet, toujours sans raison précise. Le 4 août, ses proches avaient enfin appris où il se trouvait lorsqu’il avait été déféré devant le juge et inculpé. La radio Teranga FM est dans le collimateur des autorités depuis plusieurs années. Elle a été fermée par le gouvernement en 2011, 2013 et 2015. Gouvernée par le dictateur et prédateur de la presse, Yayah Jammeh, la Gambie maintient les journalistes sous pression constante dans un arbitraire total. Récemment, le 2 septembre dernier, le ministère de la Communication a retiré son accréditation à une équipe d'Al Jazeera venue tourner un reportage sur le traitement du VIH, expliquant par la suite que le chef de l'Etat devait autoriser lui-même l'équipe à filmer. Or Yayah Jammeh était en vacances à ce moment-là... La Gambie pointe au 151e rang sur 180 pays dans l’édition 2015 du Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Mise à jour le 20.01.2016