Le journal Dainik Janakantha harcelé par les autorités

Dans une lettre adressée au ministre de l'Information, Docteur Abdul Moyeen Khan, Reporters sans frontières (RSF) s'est inquiétée des pressions exercées par le gouvernement à l'encontre du quotidien Dainik Janakantha. "Supprimer les publicités gouvernementales, couper l'électricité de l'imprimerie, emprisonner l'un des collaborateurs et laisser impunies les attaques contre des journalistes de ce journal indépendant, sont les preuves manifestes du harcèlement des autorités à l'encontre du Dainik Janakantha", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L'organisation a demandé au ministre de faire cesser ces attaques répétées contre le journal. Par ailleurs, Reporters sans frontières a de nouveau exigé la libération de Shahriar Kabir, collaborateur régulier du Dainik Janakantha, emprisonné depuis le 22 novembre 2001 et accusé de "sédition". Le journal Dainik Janakantha est particulièrement touché par la violence qui sévit dans le pays à l'encontre de la presse. Ainsi, selon les statistiques de RSF, au moins huit journaliste du quotidien ont été agressés et douze menacés au cours de l'année 2001. Selon des informations recueillies par RSF, la compagnie de distribution de l'électricité à Dhaka (DESA) a coupé, le 16 janvier 2002, le courant électrique de l'imprimerie du journal Dainik Janakantha à Dhaka. Selon un employé de la DESA, l'ordre de couper le courant "vient d'en haut". Le journal affirme quant à lui ne pas avoir été averti et avoir réglé les dernières factures. Malgré cette coupure, Dainik Janakantha devrait être mis sous presse grâce à des générateurs d'appoint. La direction dénonce une nouvelle sanction des autorités contre ce journal critique de la politique du gouvernement dirigé par Khaleda Zia. Déjà le 22 novembre 2001, le gouvernement avait suspendu l'achat d'espaces publicitaires dans le Dainik Janakantha. Cette décision faisait suite à des articles sur les violences contre les minorités hindoues et les militants de la Ligue Awami imputées à des membres du parti au pouvoir. Dans un éditorial publié en première page du quotidien, la rédaction affirmait que cette décision venait du plus haut sommet du gouvernement et non pas du département du film et des publications qui "n'a fait qu'appliquer les ordres". Par ailleurs, début janvier, le gouvernement a modifié les envois de publications aux ambassades du Bangladesh dans le monde. La quantité d'exemplaires des journaux Dainik Janakantha, Dainik Prothom Alo, Dainik Jugantor et Dainik Sangbad, envoyés par le ministère des Affaires étrangères, a été sensiblement réduite. Les quatre publications sont critiques à l'encontre de la coalition au pouvoir. Le 14 janvier, Kabir Uddin Hannu, un élu d'un village du sud du pays, affilié au BNP (parti au pouvoir), et ses hommes de main ont violemment frappé Shawkat Milton, correspondant du Dainik Janakantha à Barisal. Le matin de l'agression, le journaliste, également militant de la liberté de la presse, avait signé un article dans le quotidien sur l'implication de Kabir Uddin Hannu dans la prise de contrôle frauduleuse d'une banque locale. Deux reporters ont également été agressés lors de l'incident. Quelques jours auparavant, le 8 janvier, Reazzudin Jami, correspondant du Dainik Janakantha à Brahmanbaria (est du pays), est agressé par des activistes armés de la jeunesse du BNP. Les individus font irruption dans les locaux du quotidien local Dainik Brahmanbaria où est installé Reazzudin Jami, vandalisent son bureau, agressent le journaliste et tentent de l'enlever. Face aux protestations des employés du journal, les militants quittent finalement les lieux en menaçant le journaliste de représailles s'il ne fait pas son travail "objectivement". Les activistes n'ont pas apprécié la publication d'une série d'articles sur leur mouvement. Reazzudin Jami a déposé une plainte auprès de la police de Brahmanbaria. Enfin, l'enquête sur la tentative d'assassinat de Probir Shikder, correspondant du Dainik Janakantha à Faridpur (ouest de Dhaka), n'a toujours pas abouti, malgré les promesses des autorités. Le journaliste, amputé d'une jambe suite à l'agression, accuse un homme d'affaires, Musa Bin Shamser, d'avoir commandité son assassinat. Un délinquant, arrêté par la police, a reconnu avoir été recruté pour assassiner Probir Shikder par le frère de Musa Bin Shamser et un collaborateur de ce dernier. Malgré ces aveux, l'homme d'affaires n'a jamais été inquiété. Le 14 janvier 2002, des juges de Faridpur ont demandé à la police de recommencer l'enquête sur cette affaire, suite à une plainte de Probir Shikder qui contestait les conclusions de la première investigation.
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Updated on 20.01.2016