Le harcèlement des médias d’opposition se poursuit au Honduras

L’émission "Noticiero Independiente" ("Les infos indépendantes") de la radio Estereo Castilla à Trujillo a été suspendue, le 20 août 2014, suite à des pressions exercées par le maire de la ville. Le 18 août 2014, Miguel Dubón, présentateur de l’émission "Noticiero Independiente" de la radio Estéreo Castilla et correspondant de Radio Globo, avait dénoncé dans un communiqué publié par le Comité pour la liberté d'expression (C-Libre) la tentative du maire de Trujillo de censurer son programme. Selon le journaliste, des coupures d’électricité avaient lieu systématiquement à l'heure de son émission, connue pour être critique à l’égard du gouvernement local. Deux jours plus tard, le directeur de la radio a informé Miguel Dubón que son émission "Noticiero Independiente", diffusée depuis 12 ans, serait supprimée suite aux pressions de la municipalité et d’un représentant de la Commission nationale de télécommunications (Conatel). Selon Miguel Dubón, un conseiller municipal aurait fait pression sur le directeur de la radio Estéreo Castilla . “Je vais te demander un service, tu vas virer ce fils de pute de la radio. Si tu le vires, le maire te garantit qu’il y aura 7 000 lempiras pour toi, si tu ne le fais pas, ils vont te fermer la radio”, aurait déclaré ce conseiller. “Reporters sans frontières demande le rétablissement immédiat du programme “Noticiero Independiente”, déclare Camille Soulier, responsable du Bureau Amériques de Reporters sans frontières. Une enquête sérieuse et indépendante doit être menée pour déterminer si le directeur de la radio Estéreo Castilla a fait l'objet d'une tentative de coercition de la part d’officiels locaux. Il est déplorable que les autorités répondent aux critiques à l’encontre de leurs administrations en s’attaquant aux journalistes et aux médias.” Ces dénonciations surviennent alors que le gouvernement hondurien affiche une volonté évidente de museler les voix critiques. Miguel Dubón est par ailleurs correspondant de Radio Globo, un des média d’opposition les plus écoutés du pays depuis le coup d’état du 28 janvier 2009. Le groupe Radio y TV Globo risque notamment la fermeture après que son directeur David Romero Ellner a été récemment mis en cause par la justice dans plusieurs affaires. Celui-ci a été accusé en août 2014 de diffamation, délit passible d'une peine pouvant aller jusqu’à 15 ans d’incarcération. Le journaliste de TV Globo Julio Ernesto Alvarado avait, pour sa part, été condamné à 16 mois de prison en décembre 2013 pour avoir porté atteinte à l’image et à la réputation de la doyenne de l’Université des sciences économiques du Honduras. Si la peine de prison de ce dernier a été transformée en amende, cette sanction est clairement disproportionnée et l’affaire a été soumise à la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Le Honduras est 129ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse élaboré par Reportes sans frontières.
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Updated on 20.01.2016