Le gouvernement vietnamien imite le modèle chinois de contrôle de l'Internet

16.08.2002 Le 16 août, Phan An Sa, inspecteur en chef adjoint au ministère de la Culture et de l'Information, a appelé à faire barrage à la diffusion de matériaux subversifs ou pornographique sur Internet. Il a stigmatisé cinq catégories d'utilisation du Net "portant préjudice à la sécurité nationale". Parmi elles, l'échange d'informations antigouvernementales et l'usage d'Internet pour frauder. Phan An Sa a ajouté que les autorités devraient imposer des amendes et mieux éduquer les jeunes quant à la façon d'utiliser le réseau. La majorité des internautes vietnamiens a entre 14 et 24 ans. _________________________________________________________________ 7.08.2002 En l'espace de deux jours, les autorités vietnamiennes ont lancé une campagne nationale de contrôle des cafés Internet et ont interdit l'un des sites les plus populaires, notamment chez les jeunes, TTVNonline.com. "Nous redoutons que ne se mette en place au Viêt-nam une politique contre la liberté d'expression sur Internet aussi féroce qu'en Chine. Censure, arrestations, contrôle des internautes et blocage de sites étrangers sont maintenant la réalité de l'Internet et des internautes vietnamiens", a estimé Robert Ménard, le secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au Premier ministre, Phan Van Khai. L'organisation a demandé au chef du gouvernement d'intervenir auprès des autorités compétentes pour que l'interdiction de TTVNonline.com soit levée. "Votre devoir est de garantir un libre accès à l'Internet pour tous les citoyens vietnamiens", a conclu Robert Ménard. La direction générale des Postes et des Télécommunications a demandé, le 5 août, aux autorités des soixante et une provinces du pays de renforcer le contrôle et les inspections des cybercafés. Les autorités d'Hanoï recommandent de punir ceux qui se rendraient coupables d'une "utilisation nuisible" de l'Internet. Deux jours plus tard, le ministère de la Culture et de l'Information a suspendu le site TTVNonline.com en raison d'une absence d'autorisation en bonne et due forme et de la diffusion d'informations violant la loi sur la presse et "déformant la vérité". Le ministère s'est refusé à préciser la nature de ces informations. Selon d'autres sources officielles citées par l'Agence France-Presse, c'est le forum de discussion du site, où étaient abordés des thèmes tels que les concessions territoriales accordées en 1999 à la Chine, les réformes politiques et la corruption au sein du Parti communiste, qui aurait attiré les foudres du gouvernement. Le propriétaire de TTVNonline.com, élu meilleur site Internet pour les jeunes en 2001, a expliqué à l'AFP que "de temps en temps, le goût des jeunes est complètement différent de celui des vieilles générations". Les autorités imposent un strict contrôle sur Internet, depuis son introduction au Viêt-nam en 1997. Le pays compterait aujourd'hui plus de quatre mille cafés Internet permettant à près de six cent mille Vietnamiens d'avoir accès à la Toile. L'accès aux sites jugés "réactionnaires", particulièrement ceux des dissidents réfugiés à l'étranger, est bloqué. Trois cyberdissidents sont emprisonnés : Son Hong Pham, Le Chi Quang et Tran Khu.
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Updated on 20.01.2016