Le gouvernement refuse obstinément à une radio suspendue la reprise de ses émissions

Le ministère des Transports et Communications (MTC) a montré une fois de plus son obstination à réduire au silence Radio La Voz de Bagua, le 15 septembre 2009, en refusant de lui accorder une autorisation à émettre. La station est privée de toute diffusion depuis le 8 juin. Radio La Voz de Bagua est accusée d’avoir incité à la violence au cours des émeutes opposant des collectifs indigènes aux forces de l’ordre au mois de juin dans la région d’Amazonas. Reporters sans frontières tient ces accusations pour infondées. Depuis le mois de juillet, selon l’Institut presse et société (IPYS), La Voz de Bagua a reçu trois autres notifications du MTC : deux demandes de paiement d’amendes pour des infractions comprises entre 2005 et 2007, et une troisième procédure pour des irrégularités remontant à mars 2009. ------------- Reporters sans frontières juge spécieuses et malhonnêtes les raisons techniques et administratives invoquées par le ministère des Transports et de la Communication pour suspendre la station de radio La Voz de Bagua Grande, basée dans la localité du même nom (Nord-Ouest), le 8 juin 2009. L’organisation demande au gouvernement, qui reproche au média son soutien aux récentes manifestations indigènes, de respecter les règles administratives d’homologation de la station et les délais qu’il a lui-même fixés. “Personne ne peut être dupe des raisons avancées par le gouvernement pour réduire au silence La Voz de Bagua Grande. Cette décision intervient à la suite des récents affrontements entre les forces de l’ordre et les populations indigènes de la région amazonienne. Plusieurs voix, tant au sein de la police que du pouvoir politique, ont accusé la station d’avoir encouragé les émeutes. Si cette accusation était fondée, pourquoi alors recourir à des arguments de types administratif et technique pour justifier l’annulation de la licence de diffusion de La Voz de Bagua Grande ? Il s’agit d’un acte de censure et d’intimidation. Nous demandons au gouvernement de tenir sa propre parole et de restaurer le droit d’émettre de la station”, a déclaré Reporters sans frontières. Un décret ministériel, daté du 8 juin, a révoqué la licence de diffusion de La Voz de Bagua Grande. La station bénéficiait pourtant, depuis le 13 mars 2007, d’une concession de fréquence pour un délai de dix ans. La résolution prise à cette date prévoyait que La Voz de Bagua Grande dispose d’une période d’homologation et d’installation de douze mois. Le directeur de la station, Carlos Flores Borja, a affirmé avoir transmis au ministère, le 29 janvier, les documents requis pour la certification. Ce courrier spécifiait, à l’appui d’une lettre de la municipalité d’Utcubamba, que le site d’implantation initial de la radio n’avait pu être retenu pour des raisons de sécurité. Le ministère a précisément retenu ce motif, arguant d’un “avis défavorable” émis le 31 décembre 2008, avant la fin de la période probatoire, pour annuler l’autorisation de fréquence. En réalité, La Voz de Bagua Grande est dans le collimateur du gouvernement depuis les affrontements qui ont secoué la région amazonienne au début du mois de juin. Au plus fort des émeutes, le 5 juin, qui ont fait une trentaine de morts, la ministre de l’Intérieur, Mercedes Cabanillas, a publiquement menacé de fermeture La Voz de Bagua Grande et Radio Oriente, une autre station basée à Yurimaguas, pour leur supposé “soutien” aux violences contre les forces de l’ordre. “La fermeture de Radio Oriente après celle de La Voz de Bagua Grande constituerait la preuve supplémentaire d’une grave atteinte du gouvernement à la liberté de la presse”, a conclu Reporters sans frontières. (Crédit photo : FENAMAD)
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Updated on 20.01.2016