Le domicile et le bureau d'une journaliste perquisitionnés par les autorités

Reporters sans frontières s'inquiète de la procédure lancée par les autorités canadiennes contre Juliet O'Neill, reporter au quotidien Ottawa Citizen. L'organisation demande aux autorités de revenir sur leur action et de préserver le secret qui entoure les sources de la journaliste. Dans une lettre adressée au commissaire Juliano Zacardelli, Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, a demandé à la Gendarmerie royale du Canada d'arrêter immédiatement la procédure contre Juliet O'Neill et de rendre à la journaliste les affaires saisies lors des perquisitions, le 21 janvier 2003, de son domicile et de son bureau. "La protection du secret des sources est la pierre angulaire de la liberté de la presse, a déclaré Robert Ménard. Si Juliet O'Neill a bénéficié de fuites de la part de membres des services de sécurité du gouvernement, ce sont eux qui doivent être soumis à une enquête, pas elle. Cette procédure revient à mettre une forte pression sur les journalistes qui mènent des enquêtes sur le fonctionnement des institutions nationales, garde-fous de toute démocratie." Reporters sans frontières a par ailleurs rappelé que l'article 8 de la Déclaration de principes sur la liberté d'expression de la Commission interaméricaine des droits de l'homme stipule que "tout communicateur social a droit à la non-divulgation de ses sources d'information, notes et archives personnelles ou professionnelles". Le 21 janvier 2004, la Gendarmerie royale du Canada s'est présentée au domicile de Juliet O'Neill, avec un mandat de perquisition. Les gendarmes ont saisi des effets personnels appartenant à la journaliste, ainsi que le disque dur de son ordinateur, différents dossiers et documents, des répertoires et des cahiers de notes. Une autre perquisition a été menée simultanément dans le bureau de la journaliste. La cour a ordonné la mise sous scellés de tous les documents. Les autorités canadiennes ont déclaré que la journaliste était soupçonnée d'avoir agi contre la loi sur la sécurité de l'information, en utilisant des informations interdites d'accès. Cette loi, votée après le 11 septembre 2001, interdit en effet la détention d'informations confidentielles sur le gouvernement. Toute violation de celle-ci est passible d'une peine allant jusqu'à 14 ans de prison. Cette perquisition est liée à un article que Juliet O'Neill avait publié le 8 novembre 2003 sur l'affaire Maher Arar. La journaliste avait enquêté sur l'implication de la Gendarmerie royale du Canada et du Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) dans l'expulsion de Maher Arar, citoyen canado-syrien soupçonné de liens avec Al Qaïda, vers la Syrie où il soutient avoir été torturé par les autorités.
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Updated on 20.01.2016