Le domicile d'Abdallah Zouari surveillé par trois véhicules de la police

Depuis le 19 décembre, la surveillance policière autour d'Abdallah Zouari, journaliste de l'hebdomadaire Al Fajr, a été renforcée. Ce dernier n'est plus totalement libre de ses mouvements. Reporters sans frontières s'inquiète de ces mesures de surveillance injustifiées autour d'Abdallah Zouari. En quoi présente-t-il un danger ? Il est, par ailleurs, honteux de l'empêcher d'aller voir son médecin à Tunis. "Nous demandons aux autorités tunisiennes de mettre un terme à cette surveillance et de faire en sorte que le journaliste soit libre de se rendre où il le souhaite", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Le 12 décembre 2002, Abdallah Zouari, qui réside actuellement dans le village de Khreba (près de Zarzis, sud du pays) a été informé par la police qu'il ne pouvait pas se rendre à Tunis. Le journaliste avait demandé l'autorisation, à trois reprises, d'aller dans la capitale, pour voir notamment son médecin. Depuis le 19 décembre, la surveillance de son domicile a été renforcée : deux voitures sont actuellement garées devant son domicile et une troisième derrière le bâtiment. Les proches de la famille Zouari qui souhaitent lui rendre visite sont interrogés par des policiers tantôt en civil, tantôt en uniforme. Ces derniers vérifient également l'identité des visiteurs. La famille de M. Zouari, dont sa petite fille de trois ans et sa mère de 70 ans, est effrayée par ce dispositif policier. Le 22 au soir, alors qu'il souhaitait rendre visite à un voisin, le journaliste, qui était dans la rue, a été informé par un policier en civil que, désormais, il ne pouvait plus sortir de son domicile la nuit. Le 23 août, le tribunal cantonal de Zarzis avait condamné le journaliste à huit mois de prison pour "refus d'obtempérer à une décision administrative". Le ministère de l'Intérieur avait notifié à Abdallah Zouari une mesure d'éloignement à Zarzis, dans le gouvernorat de Mednin, alors que le journaliste réside à Tunis. Ce dernier avait refusé de se plier à cette décision qu'il avait qualifiée d'arbitraire et avait déposé un recours auprès du tribunal administratif. Le 19 août, des policiers l'avaient arrêté, à Tunis, et l'avaient conduit à la prison de Harboub, dans le gouvernorat de Mednin (sud du pays). Le 4 septembre, il avait été condamné, en appel, à huit mois de prison. Il avait finalement été libéré en octobre. Après avoir purgé onze ans de prison, Abdallah Zouari avait été libéré le 6 juin 2002. Collaborateur d'Al Fajr, organe officieux du mouvement islamiste Ennahda, il avait été arrêté le 12 avril 1991 et condamné à onze ans de prison pour "appartenance à une organisation illégale". Il avait également été condamné à cinq ans de contrôle administratif au terme de sa peine. Cette condamnation signifie que l'ex-détenu doit se présenter régulièrement au commissariat le plus proche de son domicile. Un collègue d'Abdallah Zouari croupit en prison depuis 1991. En 1992, Hamadi Jebali, directeur de l'hebdomadaire Al Fajr, a été condamné par la cour militaire de Tunis à seize ans de prison pour "agression dans l'intention de changer la nature de l'Etat" et "appartenance à une organisation illégale". En 1991, il avait déjà été condamné à un an de prison pour avoir publié un article qui critiquait le système des tribunaux militaires.
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Updated on 20.01.2016